Flashback

Flashback est un jeu de plateforme « cinématique » : animation rotoscopées, forte composante narrative, cinématiques entre les niveaux… Sorti en 1993, c’est un contemporain notamment de Mega Man X.

Bluffant à l’époque, le jeu est toujours aussi prenant en 2019, même si sa rigidité de déplacements sera loin de plaire à tout le monde. La fluidité et le détail des animations est toujours aussi impressionnant, et il y a un charme très particulier dans ces platformers rotoscopés, tout comme Prince of Persia et Another World. Le jeu est très fun et assez varié, bien qu’il soit plombé par un dernier niveau un peu fastidieux, avec des ennemis pénibles.

En revanche, le travail effectué sur le « remaster » (et les guillemets ne sont pas assez gros) est assez fainéant, particulièrement au prix demandé (20€ !) et de ce que fait la concurrence.

Tout d’abord, les graphismes. Ce remaster propose par défaut un lissage très moche, l’équivalent du « Super Eagle 4x » qui a surtout tendance à rendre les pixels triangulaires. Heureusement, il est possible de le désactiver, et de mettre un « filtre CRT » avec scanlines et bloom (pour reproduire les défauts d’époque). Le reste des options est cependant très maigre, sans possibilité de faire du pixel perfect, par exemple. On est loin des options de qualité comme le propose M2 par exemple.

De nouvelles options de contrôle sont proposées : il est possible de dégainer en maintenant ZL et de tirer en utilisant ZR, comme un FPS moderne. Ce n’est pas bête, mais en pratique, dans le feu de l’action, on se mélange souvent les pinceaux, et les actions effectuées ne sont pas toujours celles auxquelles on s’attend.

Mais le plus gros problème de cette version, c’est qu’il n’y a pas de save state, et que le rewind n’est utilisable que lorsque l’on meurt, et sur une durée très limitée (30 secondes).

Le concept de ne pas avoir de save state ni de rewind a volonté est un choix intéressant, parce ça oblige à jouer « normalement », sans les sauvegardes/chargement permanents qu’on a tendance à faire sur les compilations similaires ou sur émulateur. L’inconvénient, c’est que dans un jeu de cette époque, qui repose énormément sur le « die & retry » pour rallonger artificiellement la durée de vie, c’est extrêmement pénible, et il arrive il arrive fréquemment que l’on ne réussisse pas à rembobiner assez loin pour se retrouver dans une situation favorable, et que l’on doive passer un combat difficile avec un seul point de bouclier restant par exemple.

Par ailleurs, le rewind change aussi le « statut » du personnage, et par exemple, si vous rembobinez à un point où votre personnage est accroupi avec son arme sortie, il va la ranger et se relever. C’est bien rageant lorsque vous êtes au milieu d’un combat, et que vous ne pouvez pas rembobiner plus loin.

Quitte à ne pas pouvoir rembobiner assez loin, on aurait aimé pouvoir recharger rapidement une sauvegarde normale, mais ce n’est pas non plus possible : il faudra attendre la fin de la cinématique de « game over », sauter la cinématique d’intro, charger le menu, et charger la sauvegarde. Aucun accès aux sauvegardes depuis le menu, et c’est bien pénible.

Enfin, le jeu propose les deux modes de difficulté du jeu original (facile et normal), mais fixe les options d’émulation pour vous : c’est facile et rewind illimité, ou normal et rewinds limités, mais on ne peut pas mélanger les deux. C’est totalement stupide.

Flashback sur Switch est un excellent jeu, desservi par un « remaster » aux choix douteux.

Verdict : très bon jeu, mauvais portage