V-Rally 4

J’ai précédemment rédigé un test extrêmement critique de V-Rally 4, mais après avoir vu quelques personnes apprécier le jeu sur Twitter, j’ai eu envie de lui donner une seconde chance, avec un peu plus de recul.

Première chose qui m’avait déplu : la technique. La plus grosse amélioration à ce niveau, c’est que… je me suis habitué à bien pire, avec Journey to the Savage Planet ou The Outer Worlds, et j’ai ainsi réduit mes ambitions en terme de portage. Ne vous y trompez pas : techniquement c’est toujours aussi mauvais, avec des chargements très longs, des ombres qui apparaissent à deux mètres, les arbres au loin qui sont de bêtes textures floues, une résolution basse, etc. Au moins, c’est relativement fluide, et ça tient à peu près le 30fps, sauf lorsqu’il y a des concurrents, comme en rally cross.

Seconde chose qui m’avait déplu : le gameplay. Et là, je pense que je ne l’avais tout simplement pas abordé de la bonne manière. Ou alors j’étais mauvais (encore plus que d’habitude), je ne sais pas. En tout cas, je révise complètement mon jugement sur ce point : un peu orienté simulation tout en restant très accessible, à condition de ne pas piloter comme un gros bourrin, la conduite est plutôt agréable, et pèche surtout par le manque de gâchettes analogiques de la Switch, et l’impossibilité d’accélérer grâce au stick droit. Reste cette gestion aléatoire des pénalités, qui inflige parfois 10 secondes parce qu’on a mis une roue en-dehors de la route, et parfois rien du tout alors qu’on vient de tomber au fond d’un ravin.

Enfin, troisième point important qui m’avait déplu : la gestion de la carrière. Je la trouve toujours aussi mal équilibrée : il faut payer les salaires des ingénieurs de l’écurie, les droits d’entrée des épreuves, les réparations des voitures, acheter d’autres véhicules pour pouvoir faire d’autres types d’épreuves, et les gains de course ne sont pas vraiment proportionnels, ce qui fait qu’on peut facilement perdre de l’argent si on n’est pas assez bien placé en fin d’épreuve, d’autant plus qu’en mode facile on gagne moins d’argent, mais on paye toujours les mêmes droits d’entrée ! Au final, j’ai quand-même beaucoup moins détesté cette carrière grâce à ma meilleure appréhension de la conduite, ce qui m’a permis de mieux progresser, mais il faut beaucoup grinder pour réussir à acheter d’autres véhicules et ainsi débloquer d’autres catégories, ou d’autres classes.

Contrairement à la série WRC (les épisodes 5 à 10 sont des mêmes développeurs), V-Rally 4 n’a aucune licence officielle, à part les véhicules. Vous pourriez trouver ça dommage, mais cela permet également de se libérer des contraintes d’un « jeu officiel » et de proposer plus de variété, comme dans Dirt : rallye classique, mais aussi rally cross, hill climb, buggy, et gymkhana peuvent être disputés, bien que le rallye soit clairement la catégorie « reine », au vu du nombre de véhicules disponibles. Comme dans Rush Rally 3, la sélection de voitures est plutôt orientée « années 80/90 » en rallye (Citroën Xsara, BMW M3, Fiat 131, Ford Escort…) mais il y a un certain nombre de modèles plus récents (DS3, Polo, Focus…), ainsi que quelques prototypes et modèles lourdement modifiés en hill climb. Le plus étonnant est la gestion des améliorations : elles se débloquent au fil des courses comme un jeu d’arcade, alors que le jeu est orienté « simulation » avec de la gestion d’écurie : c’est très étrange.

Les tracés sont au pire corrects, et au mieux vraiment bons, avec de jolis (c’est très relatif) environnements variés, et des moments mémorables : faire un rallye de nuit au bord du Grand Canyon et franchir le col d’une mesa pour voir le paysage ; passer au pied d’une cascade en Malaisie ; slalomer entre les maisons dans un village Japonais avec des cerisiers en fleurs ; descendre au flanc d’une montagne à 200km/h et passer dans des tunnels entre deux pans rocheux… Dommage que la technique vienne gâcher le tableau, entre les ombres qui apparaissent devant notre nez et les forêt clairsemées. En revanche, le nombre d’environnements n’est pas très élevé (6 en rallye, moins dans les autres), et pareil pour les circuits : il y a plusieurs variantes dans les environnements qui ont les mêmes points de départ ou d’arrivée, et on a parfois de grosses sensations de déjà-vu lorsqu’on enchaîne les épreuves d’une discipline.

Si vous réussissez à passer outre les graphismes très dégradés, V-Rally 4 est un jeu plutôt sympathique, bien que les contrôles non-analogique sur Switch le rendent inutilement difficile, et que sa gestion de carrière soit à revoir. A prendre en promo.

Verdict : un portage médiocre d’un jeu correct