Est-ce qu’il faut que je raccourcisse le titre en « Master Detective Archive », ou en « Rain Code » ? Ou MDARC ? Bref, c’est un jeu d’aventure et d’enquête, par les développeurs de de World’s End Club, qui sont notamment d’anciens qui avaient travaillé sur la série Danganronpa, mais ne vous jetez pas tout de suite sur le jeu.
Histoire
On y incarne Yuma, un jeune détective de la World Detective Organization, organisation du « gouvernement unifié ». On se réveille amnésique dans une gare, et on se retrouve très vite embarqué dans une série de meurtres, dans une zone contrôlée par une grosse corporation. Assez vite on apprend qu’on est accompagné par une sorte de fantôme, qui se révèle être Shinigami, une déesse de la mort, avec qui on a fait un pacte qui nous a retiré nous souvenirs en échange de diverses capacités, notamment celle d’utiliser un « labyrinthe des mystères » qui permet de résoudre les enquêtes.
Dans l’ensemble les personnages sont correctement écrits, avec un point d’orgue sur Shinigami qui est géniale, avec un sens moral très spécial (elle reste une déesse de la mort), énormément d’humour noir, et une forme « humaine » très provocatrice et qui fait des actions inattendues. C’est souvent très drôle, et ça fait un excellent contrepoint à l’ambiance très sérieuse à côté de ça.



Gameplay
Chaque chapitre est découpé en deux phases : une d’enquête, et une de résolution d’énigme, un peu comme Ace Attorney.
Dans les phases d’enquête on va se balader dans des zones en 3D, parler aux gens et interagir avec des points d’intérêt pour obtenir des « clés de résolution » : des preuves, indices et autres informations. Une fois qu’on a terminé, il se passe des événements, puis on est téléporté par Shinigami dans un univers parallèle dans lequel se trouve un « labyrinthe des mystères », qui nous permet de trouver le vrai coupable. Dans celui-ci on rencontrera quelques ennemis qui nous attaquent à l’aide de bouts de phrases qu’on devra contredire avec des « clés de résolution ».
En fait le concept sous-jacent est strictement identique à Ace Attorney, c’est juste l’habillage qui change : remplacez le tribunal par le « labyrinthe des mystères », les témoignages par des ennemis, l’inspection des preuves par des QTE, et vous avez une bonne idée de ce qui s’y passe. La plus grosse différence, c’est sans doute qu’il y a des quêtes secondaires.



Problèmes
Malheureusement le gameplay est vraiment mal conçu.
Déjà, dans les phases d’enquête on se borne à chercher tous les points activables, ce qui est classique dans ce type de jeu, mais semble exacerbé ici car il suffit vraiment de quadriller une zone et de cliquer partout sans réfléchir. Parfois on nous demande de recréer une scène de crime pour comprendre comment le meurtrier s’y est pris, en général avec un modus operandi extrêmement tordu et irréaliste, encore plus que dans la moyenne du genre, et qui impliquent parfois la complicité de plusieurs personnes sans que personne ne s’interroge sur ce point.
Mais surtout, le plus gros problème : dans le « labyrinthe des mystères », on se contente d’avancer tout droit dans des couloirs interminables et répétitifs pendant que Yuma et Shinigami discutent : ils auraient pu le renommer le « couloir de l’ennui ». De temps en temps on tombe sur un embranchement, ou bien un ennemi représenté par une version « déformée » d’un PNJ qui va nous envoyer des phrases en guise d’attaques, et on devra utiliser la bonne « clé de résolution » contre la bonne phrase pour pouvoir avancer. Il y a également divers mini-jeux un peu débiles pour trouver des mots-clés ou bien mener une « réflexion » en menant une sorte de combat, bref, ça donne régulièrement l’impression d’être pris pour un gamin hyperactif qui ne sait pas lire et réfléchir et veut absolument de l’action en permanence.
C’est durant ces phases qu’on se rend compte que Ace Attorney, malgré son côté fastidieux, est aussi très méticuleux dans sa logique : par exemple, dans Rain Code, les propos d’une victime rapportés par l’accusé font foi de preuve tangible et ne sont pas remis en question durant les affrontements. Sans compter que le concept même d’incarner un détective incapable de résoudre une enquête sans se reposer sur des pouvoirs surnaturels est quand même assez idiot.



Pour couronner le tout, le personnage principal est con comme ses pieds, agit parfois sans aucune logique, et est complètement antipathique à chouiner tout le temps, surtout quand on le compare aux personnages de Ace Attorney qui sont souvent en difficulté mais cherchent toujours à surmonter l’adversité.
Technique
Sur Switch en mode portable, la résolution est basse, il y a énormément de popping, et des chargements en permanence, bref c’est la cata. Par ailleurs, l’interface manque de détails pratiques comme l’affichage des précédents textes ou l’affichage du texte contre lequel on cherche une contradiction. Le jeu est en anglais sous-titré FR.
Master Detective Archive Rain Code a une histoire rocambolesque et un monde intéressant, mais un gameplay qui nous prend pour des idiots et est très vite insupportable : évitez-le, et prenez plutôt un bon jeu d’enquête.
