Les jeux vidéo et les enfants

Le sujet revient souvent : quel jeu pour mon enfant de X années ? Est-ce que tel jeu est adapté à son âge ? Etc.

Voici un article pour regrouper toutes ces questions et tenter de vous aider à y répondre.

Avertissement

Avant tout chose, que l’on soit bien clair : le but de cet article n’est pas de vous aider à éduquer votre enfant, ni de vous donner des règles ou des conseils. Il y a des sites d’éducation pour ça, qui vous permettront de vous aider à mieux gérer ou élever vos enfants. Je ne suis pas pédiatre ni psychologue ni quoi que ce soit, juste un joueur qui peut vous expliquer diverses choses autour du jeu vidéo, et vous conseiller sur cet aspect si vous décidez de laisser votre enfant jouer.

Rappelez-vous une chose : chaque enfant a ses propres besoins et sensibilités, ce qui va terrifier votre grand de 8 ans peut ne pas faire broncher votre petit de 4 ans. Chaque parent a aussi le droit de mener son éducation comme bon lui semble, dans la limite de la législation évidemment.

Le but de l’article n’est pas de chercher à interdire ou obliger les gens à faire ceci ou cela, mais de donner des conseils, des indications, aider à choisir, à comprendre.

Généralités

Quelques conseils généraux « de bon sens » pour les jeunes parents qui ne savent pas trop par où commencer. Vous êtes bien sûr libres de ne pas les suivre.

Au début, jouez avec votre enfant et ne le laissez pas seul. Jouez avec lui ou regardez-le, écoutez-le, observez-le, posez-lui des questions sur ce qu’il ressent. Donnez-lui les armes pour qu’il comprenne mieux ce qu’il a vécu.

Limitez le temps de jeu, et informez-le, ou mettez-vous d’accord ensemble. Utilisez l’application de contrôle parental si nécessaire. Mieux vaut s’y prendre tôt et lui apprendre dès le début qu’il y a des limites, que de devoir sévir quand il aura passé 3 nuits blanches d’affilée sur Minecraft à 5 ans.

Pour les jeux en ligne, préparez-le à avoir des interactions… désagréables (voir plus bas).

Faites attention aux achats, ne laissez pas de carte bleue enregistrée dans la console. Le contrôle parental permet de les restreindre.

N’essayez pas d’imposer vos goûts à votre enfant. Si votre jeu d’amour de votre enfance ne lui plaît pas, ce n’est pas la peine d’insister. Vous pouvez rêver qu’il finisse Dark Souls à une seule main, mais peut-être qu’il préférera Nintendogs.

Le PEGI

Le PEGI (équivalent des ESRB aux US, ou CERO au Japon), Pan European Game Information, est un système de classification des jeux vidéo.

Il évalue l’âge auquel le jeu n’aura pas d’impact négatif ; autrement dit, il considère que ce n’est pas à un jeu vidéo d’initier un jeune enfant à la violence, ni d’apprendre la sexualité à un ado.

Si votre enfant veut que vous lui achetiez un jeu que vous ne connaissez pas, sachez que leur site donne de nombreuses informations sur chaque jeu de manière synthétique, ainsi que de nombreux conseils et indications.

Qu’est-ce que le PEGI ?

C’est un système informatif qui décrit rapidement le public à qui le jeu s’adresse : c’est l’équivalent du « nutri-score » de l’alimentation, ou des étiquettes énergétiques de l’électro-ménager, une vignette qui permet de savoir en un coup d’oeil si le dernier GTA est adapté pour votre bambin de 6 ans.

C’est un système utilisé par la plupart des pays européen, et donc un compromis entre différentes cultures et sensibilités. Certains pays (comme l’Allemagne) ont leur propre système, car ils ont des contraintes légales différentes.

La « limite d’âge » n’est qu’une synthèse de différents indicateurs : langage, discrimination, drogues, peur, paris, sexe, violence et achats in-app.

La présence d’un seul indicateur suffit pour faire changer la classification. Par exemple, un jeu non-violent avec un seul gros mot passera en PEGI 7. Autre exemple, le jeu « 51 Worldwide Games » de Nintendo n’a que des jeux de société, mais est PEGI 12 car il représente du black jack, qui est un jeu de casino.

C’est un système auto-régulé : les éditeurs soumettent eux-même les classifications, qui sont vérifiées a posteriori.

Qu’est-ce que n’est PAS le PEGI ?

Contrairement au cinéma, ce n’est pas une obligation ni une interdiction : les magasins ont le droit de vendre un jeu PEGI 18 à un enfant, et rien ne vous interdit de jouer à un jeu PEGI 12 avec votre enfant de 6 ans.

La limite d’âge ne donne absolument aucune indication sur la difficulté ni la complexité. Un jeu d’aventure avec des kilomètres de textes, une simulation de course exigeante, un jeu de gestion avec d’immenses tableaux de chiffres : tout ça sera classé PEGI 3 s’il n’y a pas de violence, de langage grossier, etc.

La classification n’est pas non plus obligatoire pour les jeux dématérialisés : la plupart des jeux Steam n’ont pas cette classification. En revanche, elle est obligatoire pour les jeux vendus en boîte, et les consoliers (Sony, Microsoft, Nintendo) l’imposent aussi pour les jeux dématérialisés.

Elle ne classifie pas les interactions en ligne : dès qu’il jouera en ligne, votre enfant sera soumis à un torrent d’insultes racistes et homophobes, le PEGI s’en lave les mains.

Mieux comprendre les classifications

Grosso modo, sans rentrer dans les détails, listes non exhaustives :

  • PEGI 3 : rien qui puisse effrayer un enfant de 3 ans, aucune grossièreté, ambiance enfantine/cartoon/non réaliste, pas de souffrance. Pensez aux jeux de sport, à la plupart des jeux de course, les party games comme Overcooked, Animal Crossing, ou encore les jeux de plateforme hyper gentillets comme Yoshi.
  • PEGI 7 : peut avoir des scènes ou des méchants impressionnants, et de la violence très modérée et qui reste « cartoon ». La plupart des jeux « enfantins » avec des ennemis à éliminer ou des scènes un peu « sombres » (un château hanté, un boss un peu gros) sont ici, comme Super Mario, ou Zelda Link’s Awakening.
  • PEGI 12 : peut avoir de la violence modérée sur des humains et humanoïdes, et des allusions sexuelles non explicites. Les jeux d’action « soft » comme la plupart des Zelda sont ici, ainsi que beaucoup de JRPG.
  • PEGI 16 : tout ce qui présente de la violence « réaliste » mais pas extrême (ou bien sur des personnages non réalistes), de la sexualité non explicite, et des références à tabac/drogue/alcool. C’est ici que l’on trouve les jeux où l’on se tape ou se tire dessus sans que ce soit (trop) gore, comme certains RPG (Elden Ring), certains FPS (Halo), ou certains jeux « d’horreur psychologique » (Project Zero).
  • PEGI 18 : tout le reste, avec notamment la violence gore et gratuite comme les démembrements, la violence contre des personnages sans défense, la sexualité « explicite », ainsi que la glorification des tabac/drogue/alcool/casino : les GTA, Call of Duty, Resident Evil, etc.

Un jeu PEGI 18 n’est pas forcément un jeu immoral : par exemple, un jeu dans lequel on enquête sur des meurtres dans lequel on voit des corps mutilés sera PEGI 18.

Sur le site PEGI, chaque jeu évalué décrit précisément les éléments qui déclenchent les indicateurs, exemple avec un jeu Bob L’Eponge (PEGI 7), qui précise, outre la violence modérée dans un contexte enfantin, qu’une scène a un thème halloween noté « pas particulièrement effrayant » (pour un enfant de 7 ans).

Advice for consumers

This game has received a PEGI 7 because it features non-realistic violence in a child-friendly setting or context. Not suitable for persons under 7 years of age.

Brief outline of the game

Adventure game in which SpongeBob and Patrick accidentally rip the fabric of the universe by granting too many wishes with wish-granting soap. Now it’s up to them to save their friends, who have been misplaced in various alternative universes, and return things to normal.

Content specific issues

The game features combat with alien enemies. The violence is mild and comical, in line with the animated SpongeBob television series. Enemies burst into purple goo when defeated and SpongeBob freezes and falls over in a slapstick manner when he runs out of health. His health is restored if he picks up pairs of magical underpants.

Other issues

There is a Hallowe’en themed level, featuring some skulls and pumpkins, but it is not particularly scary.

A vous de regarder les indicateurs et la description, et de déterminer si le jeu est adapté à votre enfant.

Le contrôle parental

Chaque console (et mobile) permet de gérer « à distance » ce que peuvent faire vos enfants sur leur matériel : temps de jeu, catégories d’âge autorisées, achats, interactions en ligne, etc. Pensez à les installer pour avoir un œil sur leurs activités, même si vous ne leur imposez pas de restriction.

Les OS et les plateformes de jeu ont généralement des systèmes similaires, et les FAI proposent souvent des logiciels de contrôle d’accès à internet.

Les free to play

Vous le savez sans doute, les free to play ne sont pas vraiment gratuits, et fonctionnent grâce à des systèmes de paiement « in-game » : on achète des bonus, ou des cosmétiques (skins), avec de « l’argent du jeu » gagné en jouant, ou en payant de « l’argent réel ».

Les jeux sont plus ou moins agressifs sur leur politique « non payante » : certains ne proposent que du cosmétique, d’autres posent des murs à la progression si on ne paye pas, et d’autres fonctionnent en « version démo » avec du contenu limité.

Dans tous les cas, les jeux sont calibrés pour chercher à faire dépenser les joueurs, en jouant souvent sur la peur de manquer (« offre limitée ! »), la gratification instantanée et constante (« paye seulement 1€ et gagne un niveau ! »), mais aussi la peur de l’exclusion sociale (« tout mes copains ont les dernières skins Fortnite, pourquoi pas moi ? »).

Les enfants sont particulièrement vulnérables à ces systèmes, il faut donc être extrêmement vigilant, expliquer et surtout encadrer : que ce soit « rien du tout », un certain montant par mois, ou « tous les season pass mais rien d’autre ».

Le plus simple est d’interdire tous les free to play, mais réussir à expliquer les mécanismes et comment ne pas se faire avoir lui servira toute sa vie (mais ce n’est pas facile).

Le jeu en ligne

Vous le savez, mais vous n’y pensez peut-être pas : les prédateurs existent. Vous pouvez tenter de surveiller tout ce que font vos enfants, mais vous pouvez aussi les y préparer, leur donner des conseils pour faire face à cette situation malheureusement très probable, et lui signaler que vous restez à son écoute, et ne l’engueulez pas pour ce qu’il/elle subit (c’est très important).

Rappelez-lui aussi de ne jamais communiquer d’information personnelle à des inconnus : nom, adresse (même simplement la ville ou le département), mail, téléphone, compte Facebook, rien.

Et même sans aller jusque-là, préparez-les au fait que sans les contraintes des interactions physiques, certains jeunes passent leur temps à insulter tout le monde. Idéalement, essayez de faire en sorte qu’ils ne fassent pas partie de cette lie.

Tant que votre enfant n’est pas prêt à recevoir une photo non-solicitée d’appareil génital d’un inconnu, ou à se faire insulter copieusement sans aucune raison, bloquez tout simplement toute communication avec l’extérieur en utilisant le contrôle parental, ou ne le laissez jouer qu’avec des amis (qui peuvent être soumis à autorisation avec le contrôle parental).

Les meilleurs jeux pour les débuts des enfants

Vaste sujet, qui ne mettra jamais tout le monde d’accord. Voici cependant quelques idées.

En premier contact, sur Switch il existe des jeux « avec des roulettes » qui ont des options qui permettent de ne pas perdre : Kirby Star Allies, Yoshi’s Crafted World, les jeux LEGO, New Super Mario Bros U Deluxe, Mario Kart…

Pour les enfants plus à l’aise avec les jeux vidéo, mais encore trop jeunes pour le sang et le gore :

  • des jeux de plateforme plus complexes ou difficiles (Mario)
  • des jeux de tir cartoon (Splatoon)
  • des RPG simples (Pokémon) à condition qu’il sache lire
  • des jeux de réflexion pas trop complexes (Captain Toad, Professeur Layton)
  • de la stratégie ou gestion comme un city builder (ça va le faire progresser en maths…)
  • des jeux de coopération (Overcooked)
  • des puzzle games (Tetris)
  • des jeux de sport ou de course
  • des party games (Mario Party, Just Dance)

Les jeunes qui n’ont pas peur de l’adversité peuvent aussi affronter des jeux difficiles mais pas (trop) violents : Trials Rising, Trackmania, ou encore Cuphead ou Minecraft.

Si vous avez une fille, pensez à lui montrer un jeu dans lequel on incarne une femme forte : Metroid, Horizon Zero Dawn, Assassin’s Creed Odyssey, etc.

Les jeunes aiment souvent bien découvrir et explorer, et certains jeux possèdent un « mode découverte » qui permet d’explorer sans aucune violence, comme les derniers Assassin’s Creed.

J’ai fait une liste de 100 jeux adaptés aux enfants sur Switch : https://docs.google.com/spreadsheets/d/1cSz144snVvaIzcc23oQfskGBIOpD3oTgixZV6NbQ0WU/

J’ai essayé de varier :

  • les genres : plateforme, puzzle, aventure, stratégie, RPG, sport, party, etc
  • les styles : mignon, rigolo ou un peu plus sérieux sans jamais verser dans le sombre ; cartoon, anime ou réaliste, etc
  • les prix : de 1€ à 70€
  • les durées de vie : de même pas 1h à à des centaines d’heures
  • les difficultés : de « on ne peut pas perdre » jusqu’aux die & retry, avec un biais vers le pas trop dur
  • la nécessité ou non de savoir lire et compter

Le PEGI est 3 ou 7, à quelques exceptions :

  • 51 Worldwide Games : poker et blackjack (jeux de casino = PEGI 12)
  • Hatsune Miku : un peu de légère sexualisation de temps en temps
  • Super Smash Bros Ultimate : ça bastonne mais c’est cartoon
  • TMNT Shredder’s Revenge : idem
  • Worms WMD : quelques jurons

J’ai essayé de conserver des sujets et thèmes adaptés aux enfants : il y a des jeux PEGI3 qui ne parleront pas aux gamins, que ce soit une simulation de course austère, ou un jeu non-violent mais qui parle d’un sujet complexe.

Le rétrogaming

Il est tentant de faire connaître le jeu vidéo à vos enfants à travers ce que vous avez connu vous-même étant jeune. Mais votre enfant n’est pas vous : il n’a pas les mêmes goûts, et surtout, pas le même référentiel. Super Mario Bros (NES) était peut-être le top à votre époque, mais aujourd’hui, votre enfant peut jouer à Fortnite sur un smartphone.

Cela dit, le rétrogaming n’est pas à oublier, pour deux raisons principales.

La première raison, c’est que les jeux sont plus simples, et donc plus accessibles : les contrôleurs ont moins de boutons, et les jeux en 2D (ou en 3D avec caméra fixe) sont plus simples à contrôler que les jeux modernes avec 50 actions possibles qui changent en fonction du contexte. La manipulation est plus simple, mais les jeux eux-même également : Mario qui va de gauche à droite dans le premier épisode, c’est plus facile à gérer que Mario qui peut aller partout, faire du wall jump et se transformer dans Odyssey.

La seconde raison, c’est que la plupart des jeux étaient moins violents qu’aujourd’hui, du moins avant Mortal Kombat. En plus des restrictions mises en place notamment par Nintendo, ils étaient souvent calibrés pour les enfants ou les ados, et la technique limitée rend la violence très abstraite car les personnages ne sont généralement pas réalistes.

Enfin, votre enfant peut aussi être intéressé pour découvrir ce avec quoi vous avez grandi ; mais n’essayez pas de lui faire aimer à tout prix si vous ne voulez pas passer pour un vieux con.

Un point très important : les jeux de seconde génération (Atari 2600) utilisent énormément les « flashs » d’écran, qui sont susceptibles de déclencher des crises d’épilepsie, ou simplement des migraines et de la fatigue oculaire. Cette génération est donc fortement déconseillée pour les enfants.

N’hésitez pas à vous référer à ma liste de jeux rétro adaptés aux enfants pour avoir un « premier jet » d’idées de jeux rétro à leur faire découvrir.