Sol Cresta est un shmup vertical, et c’est le dernier épisode de la série Cresta, composée de Moon Cresta (1980), Terra Cresta (1985), et Terra Cresta 2 (1992) plus divers spin-off, le tout développé par Nichibutsu. Cet épisode est développé par PlatinumGames (développeurs de Bayonetta ou Nier Automata) et a été annoncé comme un poisson d’avril, mais il se trouve que ça n’en était pas un.
Le concept central de la série, c’est d’avoir des vaisseaux qui s’emboîtent les uns dans les autres pour gagner en puissance ; c’était déjà le cas dans Moon Cresta en 1980, mais c’est un concept que Nichibutsu explore dans d’autres jeux comme MagMax (avec un robot à assembler), ou encore UFO Robo Dangar (avec une sorte de Goldorak à améliorer). On va donc obtenir trois vaisseaux au total, chacun ayant une arme différente : le rouge a un tir triple, le jaune lance des missiles perforants, et le bleu des missiles à tête chercheuse ; chacun est efficace contre les ennemis et obstacles de la même couleur. Avec un bouton, on déclenche un changement de formation : le temps ralentit pendant 10 secondes, les vaisseaux se déplacent séparément, puis un rappui sur le bouton les réassemble : on peut ainsi changer lequel est en premier, ce qui détermine l’arme utilisée.
En obtenant certains powerups, on débloque également des formations (en ligne verticale ou horizontale, en triangle, etc) : il faudra réussir à placer les vaisseaux dans ces formations, ce qui demande un temps d’adaptation, et déclenche un tir spécial correspondant à la formation. Il n’est évidemment pas possible de tenir une formation indéfiniment, et il faudra remplir une jauge en éliminant des ennemis et ramassant des bonus pour pouvoir les utiliser. A part ces formations il n’y a pas de bombes ni de powerups ; en revanche, au fil du score, une jauge se charge sur la droite de l’écran, qui donne des bonus et améliorations, et débloque des capacités spéciales ; cette jauge se vide à la fin de chaque niveau, et il faudra la remplir encore, ainsi que récupérer les powerups de formation. Il y a également quelques secrets, comme une formation « phénix » qu’on ne peut utiliser que quand on a obtenu toutes les autres, ou un powerup secret qui donne le vaisseau de Terra Cresta pendant quelques secondes.
Tout ça paraît bien compliqué, parce que j’essaye de vous en détailler les subtilités, mais en pratique ce n’est pas si difficile : il y a bien un coup de main à prendre pour le changement de formation, mais une fois pris ça se fait sans trop de problème, d’autant plus que changer de formation n’est pas obligatoire pour progresser, en tout cas dans les difficultés faciles et normales, il suffira de se contenter de changer de vaisseau de tête.
Le level design de Sol Cresta alterne les ennemis et les obstacles ne pouvant être détruits que par certaines armes : il faudra en permanence changer de vaisseau en tête de formation pour pouvoir franchir certains passages ; en revanche, et comme je l’ai dit plus haut, il n’est pas obligatoire de maîtriser les différentes formations. Dans l’ensemble les niveaux ne sont pas mauvais, mais ils ne brillent pas non plus par leur génie : il y a parfois une caractéristique qui se répète dans le niveau, mais c’est tout, les patterns et le placement des ennemis sont classiques et plutôt old school. Les boss sont de qualité très variable : si certains, comme le premier, sont plutôt sympathiques, d’autres font surtout référence à ceux des précédents épisodes, et laissez-moi vous dire que les boss des shooters des années 80 ne brillaient pas par leur génie ; on se retrouve régulièrement avec une forme géométrique qui se balade à l’écran en lançant des salves de tirs, et c’est tout. Malgré ça la qualité générale est plutôt correcte, on n’a pas trop à se plaindre de ce côté.
Autre grosse force de Sol Cresta : sa difficulté la plus facile est vraiment très abordable, avec un bouclier qui se recharge, plein de vies supplémentaires sans arrêt, des ennemis peu agressifs… Très facile à 1CC, et comme il est possible de commencer le jeu à n’importe quel niveau déjà atteint, c’est encore plus facile à simplement terminer. Augmenter la difficulté au mode normal rend le jeu tout de suite beaucoup plus complexe avec des ennemis qui tirent plus souvent, et des projectiles qui se déplacent plus vite : toujours faisable avec un tout petit peu d’entraînement, probablement le plus équilibré pour le joueur lambda. Les niveaux de difficulté supérieurs doivent se débloquer et ne rigolent plus du tout, avec des tirs très nombreux qui obligeront à maîtriser les formations ainsi que le ralenti du temps pour se faufiler entre les balles.
Le jeu peut se faire dans plusieurs modes : un mode arcade classique, un mode « caravan » (faire le plus haut score en temps limité) à débloquer ; et je n’ai pas tout débloqué. A force d’obtenir des succès en jeu on débloque d’autres fonctions, comme un lecteur de musique, ce qui tombe bien car elle est tout simplement excellente ; normal, elle est signée Yuzo Koshiro (Streets of Rage, Shinobi…) et utilise le même chip sonore que la Megadrive pour encore plus de sonorités rétro.
Sol Cresta a également quelques DLC payants : tout d’abord, un mode « dramatic », qui est le mode arcade mais scénarisé avec des personnages qui parlent beaucoup trop en japonais ; il est donc impossible à suivre car l’action ne s’arrête pas pour autant, il n’y a aucune cinématique ni artwork entre les niveaux, que des têtes qui parlent sur le côté de l’écran pendant qu’on fait autre chose, ce n’est donc pas vraiment passionnant, et ce DLC est vraiment dispensable. A côté de ça, une poignée de DLC rajoutent des vaisseaux des anciens épisodes : le CR47 de Moon Cresta, le Wing Galiber de Terra Cresta et le Wing Galiber 2 de Terra Cresta 2. On peut choisir ces vaisseaux en mode arcade, et chose intéressante, ils changent complètement le gameplay, qui correspond à l’épisode du vaisseau choisi ! C’est une super idée, et ça rajoute beaucoup de rejouabilité.
Sol Cresta est un excellent shmup : inspiré des jeux old school mais avec une sensibilité moderne, un gameplay riche et agréable, du contenu généreux, une difficulté acccessible, d’excellentes musiques… Un jeu injustement méconnu !
