The Stanley Parable est un walking simulator narratif, dans lequel on incarne un employé basique d’une entreprise générique avec un job nul. Je sais, ça fait rêver.
Attention, le test contient plein de spoilers légers et génériques : si vous aimez les jeux méta-narratifs et les surprises, ne lisez rien et achetez-le. Si vous avez un doute, lisez.
Comme la plupart des walking simulators, le gameplay est hyper basique, voire inexistant : on avance, et parfois on clique sur un truc. L’originalité, c’est que toutes nos actions (ainsi que beaucoup de nos non-actions) sont commentées par une voix off qui veut nous faire faire des choses. Par exemple, au début on peut aller dans la porte de droite ou celle de gauche ; la voix nous dit d’aller à gauche, et si on va à droite elle dit « Stanley savait très bien que ce n’était pas le bon chemin ». Il y a des embranchements à explorer, ainsi que des chemins un peu cachés, mais en réalité c’est surtout de la poudre aux yeux : les portes fermées ne peuvent pas être ouvertes, c’est vraiment tout droit, et les rares choix ne sont possibles que parce que le jeu veut qu’on en fasse un, et ils disparaissent lorsque le jeu veut nous mener quelque part de précis. Qu’on suive les instructions ou pas, on finit toujours par « finir » une partie, et on recommence ; en général quelque chose change : on peut tout simplement choisir de prendre un autre chemin, parfois quelque chose change dans l’environnement, comme une porte ouverte différente, un couloir qui n’était pas là avant, etc. Il n’y a pas non plus une infinité de possibilités, et après quatre heures de jeu j’avais fait une vingtaine de fins, et j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour du jeu bien que j’aie sans doute raté plein de secrets.
La grosse force de The Stanley Parable, c’est la voix off (uniquement en anglais, sous-titré en français) : elle a beaucoup d’humour et d’auto-dérision, elle est très bien faite, et il y a beaucoup de phrases différentes pour un peu toutes les situations. Sans vouloir spoiler, les textes tournent autour du sens de la vie, du libre arbitre, ainsi que des choix dans les jeux vidéo, de manière très meta, parfois sans aucun quatrième mur.
Malheureusement, à force de répétition et de tirage sur la corde, j’ai fini par trouver ça un peu pompeux voire lourd, et pas très profond : si on le prend comme une amorce de réflexion philosophique sur le libre arbitre, le scénariste n’a clairement pas les bases pour nous faire réfléchir au-delà des poncifs ; et si on le prend comme une critique des choix dans les jeux vidéo, c’est cher payé le « tous les choix sont déjà prévus mais regarde on en a fait des rigolos ». Cette version « Ultra Deluxe » rajoute quelques passages d’auto-références et surtout d’auto-congratulation avec par exemple une liste des prix remportés, ce qui est franchement gênant.
The Stanley Parable a un concept sympathique et un narrateur amusant, mais la meta-réflexion sur les jeux vidéo et leur déconstruction, c’est beaucoup moins surprenant en 2024 qu’en 2013 (sa première sortie). Ça reste une expérience intéressante, et ça a relativement bien vieilli, mais il ne faut pas s’attendre à retrouver le chef d’oeuvre qu’ont connu les gens à l’époque.