Ys X est le dernier épisode d’une série qui date des années 80, et dont j’ai déjà testé quelques épisodes : j’avais adoré Origins, bien aimé le 8 et été très déçu par le 9, j’ai donc lancé celui-ci avec pas mal d’appréhension.
Histoire
Les histoires des jeux Ys se suivent, mais pas vraiment : on suit toujours les aventures d’Adol, un aventurier qui se balade dans le monde et résout des problèmes plus improbables les uns que les autres, mais l’ordre chronologique n’a rien à voir avec l’ordre de sortie : en l’occurrence, l’épisode 9 est le dernier chronologiquement, alors que le 10 (celui-ci) se cale entre les épisodes 2 et 3…
Comme souvent dans les Ys, on commence sur un bateau, et on se retrouve rapidement dans un village soudainement envahi de monstres impossibles à tuer sauf par nous et Karja, une « princesse pirate » à laquelle retrouve lié par une menotte magique, et qui nous accompagnera au long de l’aventure. On va chercher à libérer les villageois et éliminer la source de ces monstres, ce qui nous mènera un peu partout dans l’archipel du coin.
En terme d’écriture des personnages, Karja est sympathique et sa relation avec Adol est bien écrite, c’est très platonique alors qu’en faire une romance aurait été une solution de facilité, et leur relation évolue de manière crédible. En revanche, l’histoire est plate et sans rebondissements malgré une verbosité un peu agaçante ; quitte à insister pour raconter autant de choses j’aurais aimé que ça soit intéressant. C’est seulement au chapitre 7 ou 8 (sur 10), après presque 20h de jeu que ça commence à bouger ; avant ça l’histoire fait du sur-place. Heureusement, le jeu en profite pour développer le personnage de Karja qui est la réelle héroïne du jeu car Adol sert pas mal de faire-valoir.
Gameplay
Ys 8 utilise toujours le même gameplay que dans les épisodes 8 et 9 : une seule attaque, des coups spéciaux avec un cooldown, et un changement de personnage à la volée, cette fois-ci un seul allié au lieu des deux dans les épisodes précédents. Ce changement est nécessaire pour affronter certains ennemis qui sont plus ou moins sensibles à certaines attaques, mais en pratique on peut conserver le même personnage la plus grande partie du jeu sans trop d’inconvénient. Pour ajouter un peu de richesse, cet épisode ajoute des attaques et des blocages « liés » avec les deux personnages, et une jauge de contre à remplir pour pouvoir effectuer une attaque puissante.
Il y a également un arbre de compétences à débloquer et personnaliser à sa guise avec des runes que l’on trouve ou que l’on fabrique : puissance, résistance ou capacités, en fonction de ce qu’on place dans l’arbre ça modifie le personnage parfois assez fortement. Il n’est pas possible de se faire un personnage qui maîtrise tout, les slots de runes étant limités, mais en revanche il est possible de passer du temps à chercher à optimiser ou essayer d’autres choses – à moins de jouer en mode facile, auquel cas il n’y a vraiment pas besoin de se prendre la tête.
Malheureusement, le jeu utilise toujours la même structure : de l’exploration linéaire de zones en couloirs avec beaucoup de murs invisibles, parfois des capacités à récupérer pour débloquer des passages, puis un donjon avec un mini-boss et un boss final. Les donjons ne sont d’ailleurs vraiment pas intéressants : très linéaires, sans aucun puzzle, on s’y ennuie ferme, et ils ne semblent là que pour cocher une checklist : on aurait pu s’en passer.
Bateau
La grosse nouveauté de cet épisode, c’est l’exploration en bateau : une fois débloqué, on peut y embarquer depuis certains pontons, et débarquer sur certaines îles. Ne rêvez pas d’un jeu à la Assassin’s Creed Black Flag, c’est ici très découpé, avec des écrans de chargement quand pn passe du bateau aux îles et inversement.
Une fois sur la mer, on avance avec le stick comme si on marchait, on peut pivoter sur place assez rapidement, etc ; on est à des années-lumières de la navigation dans les Assassin’s Creed comme Black Flag ou Odyssey (désolé je n’ai pas d’autre référence pour les RPG avec de la navigation en bateau), ce n’est pas réaliste pour un sou, et surtout ce n’est pas du tout agréable. La mer elle-même n’est pas très intéressante non plus : plate comme un billard et sans aucune vague, avec des murs invisibles un peu partout, naviguer entre deux points éloignés est triste et ennuyeux.
Ce n’est pas dramatique non plus, on dira que ça va avec le reste de la production à relativement petit budget, et j’imagine bien que faire une mer réaliste c’est compliqué ; c’est juste dommage qu’ils n’aient pas fait quelque chose d’un peu plus travaillé, même sur GameCube les jeux sur l’eau avaient des vagues ! Il y a même des temps de chargement entre certaines zones, alors que c’est plat et qu’il y a une poignées d’îles sans aucun détail ! Jouer à Ys X, c’est remettre en perspective le prétendu ennui de la mer de Wind Waker…
Evidemment il y a aussi des ennemis ici et là, ainsi que des missions de « libération d’île » qui remplacent avantageusement le « tower defense » des épisodes précédents. Cependant, là aussi le jeu aurait mérité plus de temps de développement : on se contente de verrouiller un adversaire et de lui tirer dessus en boucle (en attendant des plombes entre chaque tir pour la recharge) sans aucune contrainte de positionnement car les canons tirent dans n’importe quelle direction.
La caméra est d’ailleurs assez infernale : on ne peut pas la déplacer en même temps que l’on tourne le bateau, il faut lâcher la direction pour tourner la caméra. Et comme le verrou (indispensable pour les combats navals) ne cible que les ennemis en face, pour changer de cible il faut donc s’arrêter en plein combat (alors qu’on se fait canarder), tourner la caméra, cibler, puis reprendre son mouvement : horrible.
Technique
Techniquement, Ys X est largement meilleur que les épisodes 8 et 9, et niveau DA c’est beaucoup plus agréable que la grisaille permanente du 9. Par contre, ça reste assez sommaire avec l’eau moins jolie que sur un jeu PS1, par exemple (et je n’exagère pas beaucoup). Les environnements ne sont vraiment pas variés, toutes les îles ont le même look et c’est assez répétitif en terme de décors ; c’est censé être des îles nordiques, mais visuellement ça ne paraît pas : ça pourrait être des îles tropicales que je serais pas choqué.
J’ai fini le jeu en 24h30.
Ys X Nordics est très décevant : ils ont voulu faire un pseudo-open world, mais c’est tellement raté que ça gâche le reste du jeu, surtout quand on le compare à d’autres jeux qui faisaient mieux il y a 10 ans, voire plus. Ce n’est pas vraiment mauvais, mais la série mériterait beaucoup mieux.
