Evercade Arcade 14 : Atari 2

C’est la seconde compilation Atari : tout comme la première elle est très portée sur la fin des années 70 et le début des années 80, mais en plus… eh bien c’est plutôt les jeux non-Atari !

Eh oui, c’est très étrange, mais à part Fire Truck et Maze Invaders, ce ne sont que des jeux Stern ! A l’origine créateurs de flippers, ils se sont mis aux jeux vidéo suite au succès de Space Invaders, comme d’autres fabricants de jeux d’arcade à ce moment-là (Bally, Midway, Williams, etc) ; ils ont fait faillite en 1985, victimes comme beaucoup d’autres de la contraction du marché de l’arcade, et les droits de leurs produits ont été dispersés aux quatre vents.

Mais alors, que font des jeux Stern sur une compilation Atari ? Eh bien c’est très simple : en 2023, Atari rachète les droits d’une poignée de jeux Stern (dont ceux présents ici, vous l’aurez compris) mais pas les droits sur la marque ! Et voilà comment l’Atari de 2025 essaye de faire passer ses derniers rachats pour ses propres jeux, mais comme Atari Interactive (les ayants-droits actuels de la marque) n’ont même pas les droits sur tous les jeux estampillés Atari, on n’est plus à ça près. Heureusement le manuel précise bien que les droits des jeux ont été rachetés en 2023, même s’ils n’indiquent nulle part la marque Stern : ils ont même modifié les roms pour remplacer toute mention de Stern par Atari !


1978 – Fire Truck : un jeu de conduite de camion de pompier, sa particularité réside dans le fait que la borne originale a deux volants : un pour la cabine, et un pour la remorque ! Autant dire que c’est absolument injouable en émulation, particulièrement sur une machine qui ne comporte qu’un d-pad. Qu’est-ce qui leur est passé par la tête ? Il y avait pourtant probablement d’autres jeux Atari plus jouables que ça à proposer.

1980 – Berzerk : on incarne un personnage qui traverse un labyrinthe et peut tirer sur des robots qui cherchent à l’éliminer, sans pouvoir s’échapper car le labyrinthe n’a pas d’issue ; il faut pourtant courir en permanence car rester trop longtemps au même endroit fait apparaître un ennemi invincible qui nous fonce dessus. C’est un classique de la période, encore très bon aujourd’hui malgré ses graphismes très simples.

1981 – Moon War : un shooter qui se contrôle un peu comme Asteroids : on peut tourner dans toutes les directions, on utilise un bouton pour tirer, un pour se propulser avec de l’inertie, un pour déclencher un bouclier, et un pour se retourner ; il semblerait que certaines versions du jeu (notamment sur Mame) n’aient pas toujours les mêmes actions disponibles. Mais malgré ça, le jeu se joue comme Defender : chaque niveau comporte une série de bases qu’il faut défendre des attaques ennemies, et il faudra aller de l’une à l’autre pour les protéger. Malheureusement le jeu n’a pas le radar de Defender et il est donc très difficile de comprendre où on doit aller, sans compter que l’original permet de faire pivoter finement le vaisseau avec une « roue », qui se simule très mal sur un d-pad, ce qui rend le jeu beaucoup moins précis, et donc artificiellement difficile.!

1981 – Maze Invaders : un mélange de Pac-Man et de Berzerk, c’est un prototype qui n’a jamais été commercialisé car son test en conditions réelles a été un échec. Et comme tous les jeux dans cette situation, s’il a échoué, c’est qu’il y a une raison : ce n’est pas vraiment mauvais, mais pas franchement bon non plus, avec des contrôles peu précis, une action un peu molle, et une certaine répétitivité, le jeu paraissant assez léger en terme de possibilités.

1982 – Dark Planet 3D : un autre shooter dans le style de Asteroids, mais beaucoup plus complexe : il faut détruire des ennemis sur différents niveaux, et si la borne originale utilise un effet de profondeur avec différents calques sur lesquels les images étaient projetées, dont je n’ai trouvé qu’une seule vidéo de très mauvaise qualité. On entre dans l’arène en tant que vaisseau en l’air ; on peut détruire les véhicules en bas avec un laser qui tire directement en-dessous, tout en faisant attention aux tirs anti-aériens qui viennent d’en bas. Pour détruire ces derniers, il faudra aller au niveau inférieur et utiliser sa forme de tank. Il faut aussi éviter le relief, passer par les ponts, détruire les constructions… C’est très complexe, sans doute trop par rapport à la technique très simple qui ne permet d’avoir qu’un seul niveau, l’arrière-plan étant une image collée sur l’écran. Une curiosité qui pourra intéresser les amateurs de jeux uniques.

1982 – Frenzy : la suite de Berzerk, c’est tout simplement la même chose avec « plus » : plus de types et de comportements d’ennemis, plus de moyens de mourir (y compris en se prenant les rebonds de ses propres tirs), plus de difficulté. C’est une très bonne suite, même si elle plaira surtout à ceux qui maîtrisent déjà Berzerk.

1982 – Lost Tomb : encore une variation sur le modèle de Berzerk, cette fois-ci avec un thème « Indiana Jones » (le premier film étant sorti en 1981) : on explore une tombe peuplée de nombreux ennemis, et on essaye de récupérer un maximum de trésors en cherchant à atteindre la sortie. Il y a des pièges, des murs qui nous tirent dessus si on traîne trop, etc ; les contrôles originaux se font avec un double stick (un pour se déplacer, un pour tirer) qui se répliquent relativement bien sur les boutons ABXY de la EXP (Y en haut tire vers le haut, B à droite tire vers la droite, Y+B tire en diagonale haut/droite), mais beaucoup moins sur l’Alpha qui a une disposition de boutons différente. Il est aussi possible d’utiliser un « fouet » (encore Indiana Jones), qui génère une sorte de champ autour du personnage qui détruit aussi bien les ennemis que les murs (quel sorte de fouet est-ce ?) et est indispensable pour se sortir de certaines situations. Dans l’ensemble c’est un jeu intéressant, au croisement de Berzerk et Montezuma’s Return, mais sa difficulté élevée et sa complexité générale le réservent aux plus aguerris.

1982 – Rescue : on pilote un hélicoptère et on cherche à repêcher des parachutistes tombés dans l’eau, tout en tirant sur d’autres hélicoptères à l’aide d’un second stick mappé sur les boutons, comme dans Lost Tomb. Il faut éviter de toucher les parachutistes qui tombent pour éviter d’en faire du steak haché, éviter les hélicoptères ennemis touchés qui chutent, ne pas toucher l’eau car on ne contrôle pas un sous-marin, tout en allant assez vite pour récupérer les soldats avant qu’ils se fassent manger par les requins : on ne s’ennuie pas, c’est intense et l’action est assez variée pour rester intéressante. C’est un jeu que j’apprécie beaucoup, et que je trouve encore amusant.

1982 – Tazz Mania : encore une variante de Berzerk, qui prend ici plusieurs autres inspirations pour en faire un jeu unique. Dans une arène fermée, on contrôle un personnage qui peut tirer dans toutes les directions en maintenant le bouton de tir enfoncé, ce qui le fige sur place : il faut donc alterner entre tir et déplacement, il est impossible de faire les deux. On doit détruire un certain nombre de choses au sol, qui ressemblent à des champignons, pendant que des ennemis se déplacent dans l’arène avec divers comportements ; pendant ce temps, les murs latéraux se rapprochent doucement, jusqu’à nous écrabouiller, mais des sorties s’ouvrent en haut et en bas de l’écran lorsqu’on a tout éliminé. Les murs accélèrent lorsqu’il n’y a plus rien au sol, il faudra donc être un peu stratégique dans le nettoyage pour ne pas se retrouver au milieu de l’écran sans avoir le temps de sortir. C’est un jeu à la fois très simple et très efficace et prenant, et pour une fois il se joue très bien sur l’Alpha puisqu’il n’a pas besoin d’avoir les boutons en croix.

1983 – Minefield : on contrôle un tank qui peut, encore une fois, tirer dans toutes les directions à l’aide d’un second stick, encore une fois mappé sur les boutons, pour détruire les véhicules ennemis en l’air ou au sol. On peut également récupérer des missiles qui permettent de détruire les bâtiments en arrière-plan, tout en slalomant entre les mines. C’est assez basique et répétitif, et pas très intéressant.

Meilleurs jeux : Berzerk, Frenzy, Rescue, Tazz-Mania

Une cartouche Stern qui ne dit pas son nom, avec un grand classique et quelques moins connus tout aussi bons, au milieu de jeux médiocres : c’est très honnête, mais plutôt destiné à ceux qui aiment les jeux originaux. Dommage qu’autant de jeux se jouent à deux sticks alors qu’il n’y en a pas sur Evercade – vous pouvez aussi y jeter un oeil en émulation avec une manette moderne à double stick.

Verdict : bon