Final Fantasy III

Note : la version testée est la « Pixel Remaster » ; le travail sur le remake est traité dans le test de la compilation, celui-ci traite principalement du jeu en lui-même.

A noter un problème que je n’ai vu que sur cet épisode : des micro-freezes un peu tout le temps, surtout quand on se déplace ou qu’on navigue dans les menus, assez pénibles à la longue (sur Switch en mode portable).


Final Fantasy III est un RPG sorti sur Famicom en 1990, la même année que Dragon Quest 4 (NES) et Phantasy Star 2 et 3 (Mega Drive). L’original n’avait tout simplement jamais été localisé, c’est la première fois qu’il est traduit contrairement aux autres portés un peu partout, en tout cas en version 2D car il y a eu un remake 3D sur DS en 2006.

Après un second épisode réussi en terme d’histoire, elle revient au basique « vous êtes les élus parce que vous êtes les élus », suivi de « allez sauvez le monde, cassez-vous maintenant ». C’est très décevant, d’autant plus que c’est le même scénariste, même si c’est un peu plus travaillé que dans le premier : le ton est beaucoup plus léger, avec des petits dialogues amusants (« Vous allez sauver le monde ? Vous avez perdu la tête ? ») ou des scènes loufoques, comme l’aventurier qui se cache dans un nid de dragon, le village de nains où ils disent tous « la-li ho », etc. Même les moments censés être dramatiques en deviennent absurdes, comme ce vaisseau volant qui ne nous sert qu’à traverser une mare juste avant de récupérer un canoë, ou bien ce PNJ amnésique qui se sacrifie littéralement 10 secondes après avoir retrouvé la mémoire ; tout cela casse complètement le peu de tension que le jeu peut amener, mais sans être drôle non plus pour autant. En bref, il ne faut pas jouer à ce jeu pour son histoire, qui ne sert que de prétexte pour aller d’un point à un autre.

La structure du jeu aussi revient aux fondamentaux du premier épisode : très dirigiste, avec une première partie en couloir dans laquelle on n’avance que parce qu’on ne peut rien faire d’autre, on nous accole régulièrement un cinquième personnage qui ne combat pas et nous accompagne quelques minutes (ou quelques heures selon votre rythme) le temps de débloquer un passage ou de récupérer un objet, puis qui sont jetés comme des vieilles chaussettes ; cela permet uniquement de rajouter quelques événements à un scénario complètement plat par ailleurs. Avec plusieurs twists, la carte explorable finit par avoir une taille un peu démesurée, car là encore le contenu n’est pas à la hauteur : elle est composée d’immenses étendues de vide, qui ne servent à rien à part perdre du temps quand on se déplace.

La grande nouveauté de cet épisode, c’est son système de jobs, assez original pour l’époque ; Dragon Quest III avait un système similaire, mais Final Fantasy III l’étoffe. A chaque cristal rencontré, une poignée de jobs sont débloqués, qui permettent de personnaliser l’équipe et les compétences de chacun à n’importe quel moment, cette version n’imposant pas de contraintes ni de malus sur la modification ; outre les classiques guerrier, voleur, mage blanc/noir/rouge etc, cet épisode introduit des jobs plus originaux comme l’érudit ou le géomancien, ou d’autres que l’on reverra dès l’épisode suivant, comme le chevalier noir ou le chevalier dragon. Les jobs, qui sont en fait des classes, déterminent les actions possibles (magie ou action spéciale liée au job), l’équipement disponible, ainsi que les améliorations de statistiques lors du changement de niveau ; le niveau des personnages est indépendant du niveau de job, ce qui fait que changer de job tard dans le jeu n’est pas nécessairement bénéfique pour le personnage.

En revanche, contrairement aux épisodes suivants, améliorer son job ou son niveau n’apprend généralement rien : la magie s’achète toujours dans les magasins, et les capacités spéciales sont très limitées ; il n’est pas non plus possible de combiner deux jobs comme c’est le cas sur le cinquième épisode, ce qui rend le système un peu trop basique à mon goût. Il est surtout dommage que le jeu n’explique pas ce que fait chaque job : impossible de connaître à quoi servent les mages rouges ou les invocateurs d’un coup d’oeil, surtout que certaines classes sont inutilisables lorsqu’elles sont débloquées car leurs armes ou leurs sorts sont trouvés beaucoup plus loin ; un peu d’aide avec un PNJ qui donne quelques indications n’aurait pas été de trop. Une fois les spécificités comprises (ou trouvées sur un wiki…), on réalise que tous les jobs ne sont pas égaux : par exemple, l’érudit ne sert à rien, tandis qu’on a du mal à se passer d’un mage blanc… Malgré tout, le jeu pousse à changer de job à travers des « barrières » : battre un certain boss nécessitera au moins un chevalier dragon, ou traverser une certaine zone sera quasiment impossible sans avoir un chevalier noir.

Cet épisode est probablement celui de la compilation qui a reçu les changements les plus importants ; apparemment la version DS était déjà assez différente de l’original, avec pas mal de rééquilibrages et une histoire un peu modifiée ; certains changements sont repris ici, d’autres non. Certaines modifications sont bienvenues et rendent certains jobs bien plus utiles : par exemple, les flèches ne sont plus des consommables et le ranger n’a donc plus besoin d’aller racheter des flèches sans arrêt pour combattre ; les sorts du géomancien ne blessent plus le lanceur ; le barde gagne de nouvelles chansons tous les 10 niveaux au lieu de devoir changer de harpe ; etc. D’un autre côté, les rééquilibrages ne sont pas toujours pensés à fond : par exemple, certains jobs comme le ranger le chevalier noir perdent le moyen de soigner, et diminuent donc fortement d’intérêt, tout en rendant le mage blanc un peu trop indispensable. L’ensemble me paraît plus équilibré que la version Famicom, mais également assez éloignée de l’expérience originale : je ne sais pas si c’est une bonne chose.

Final Fantasy III est aussi un épisode qui adore les secrets : dès le début du jeu il est possible de trouver des équipements relativement puissants si on se donne la peine de chercher un peu, la fin du jeu permet d’accéder à quelques boss facultatifs, et les donjons et villages sont remplis d’objets cachés et de passages secrets, dont certains sont obligatoires pour progresser, avec des « faux passages » pour embrouiller. Il est donc d’autant plus dommage que la carte, non désactivable, affiche tous les passages secrets de la zone dès qu’on entre dans l’un d’entre eux : cela gâchera l’expérience de ceux qui aiment chercher par eux-mêmes, d’autant plus que ce remake n’est pas avare en indices, avec des murs fissurés ou des arbres un peu écartés.

Avec tout ça, la difficulté de Final Fantasy III est assez relevée, notamment car il faut grinder pour leveller les personnages, même avec le boost d’xp x4, mais aussi grinder pour leveller les jobs. Sur la fin, les donjons deviennent assez costauds, et il est possible de se faire éliminer par des ennemis lambda dans le dernier donjon si on ne fait pas attention. Le jeu est malgré tout assez court : après 8h de jeu j’avais le bon niveau pour le finir (50), et je l’ai terminé en 11h avec tous les boss facultatifs et un peu de grind, surtout pour améliorer les jobs de fin de partie, mais pas à 100%.

Final Fantasy III n’est pas mauvais, mais avec son histoire bateau racontée de manière étrange, et son gameplay à la fois trop simple pour s’en passionner et trop complexe pour débrancher son cerveau, il en devient moins relaxant que le premier épisode, et moins intéressant que le second.

Verdict : bon