Rims Racing

Commençons par ce qui fâche le plus : les performances du jeu (sur Switch en mode portable) sont absolument honteuses et catastrophiques, au point d’être fréquemment injouables ; c’est la première fois qu’un framerate me donne envie de vomir, la moto donne souvent l’impression de se téléporter, et pour un jeu de course aussi exigeant c’est impardonnable. C’est bien simple : le jeu n’est absolument jamais à 30fps, et descend facilement à 15fps, voire moins. Rajoutons à cela des bugs divers et variés, comme la modification des contrôles qui ne sont pas rechargés au lancement du jeu, la caméra qui n’est pas mémorisée, des pertes de son, etc.

Mais si vous décidez de faire le jeu sur une autre plateforme, que vaut-il en-dehors de la technique ?


Le concept de Rims Racing est assez particulier : au lieu de collectionner les véhicules comme dans un Forza/Gran Turismo (ou plutôt Ride, pour rester dans le thème), le jeu ne comporte que 8 motos, des ultra-sportives de 1000cc qui montent à 300km/h : BMW M1000 RR, Honda CBR1000RR, et les modèles équivalents chez Aprilia, Ducati, Kawasaki, MV Augusta, Suzuki et Yamaha. Le jeu ne vous donnera assez d’argent que pour vous en acheter une seule pendant un bon moment, il faudra donc bichonner le modèle que vous aurez choisi. Le nombre de circuits est à l’avenant : seulement 10 circuits officiels, plus 5 routes linéaires de 10 ou 20km, avec un seul tracé disponible à chaque fois, c’est peu : la comparaison avec les 180 véhicules et 30 circuits (plus les variantes) de Ride 4 fait mal.

Au niveau de la personnalisation en revanche, c’est du jamais vu, avec des modifications dans les moindres détails : échappement, plaquettes et étriers, jantes et pneus, poignées, carrossage, etc, jusqu’aux couvertures chauffantes de pneus ! Du délire, mais aussi avec un énorme manque : il n’y a absolument aucune modification possible du bloc moteur ! On peut changer les leviers de frein, mais pas les bougies ? Il est impossible de transformer sa machine en bête de Superbike, ce qui donne l’impression que la quantité de modifications est finalement plus de la poudre aux yeux qu’autre chose. Au fil des courses et des chutes, les pièces s’usent ou s’abîment, et nécessitent donc d’être changées régulièrement : c’est intéressant sur le concept, mais en pratique c’est plus pénible qu’autre chose, car on passe son temps à tout changer et perdre énormément d’argent, ou bien recommencer plusieurs fois les courses pour ne pas tomber, d’autant plus que certaines pièces coûtent une fortune, et pas forcément celles auxquelles on s’attend : après la première course j’avais environ 20000 crédits, et les étriers de frein avant seuls coûtent 10000 crédits…

L’autre originalité des modifications est au niveau de la manière dont elles sont appliquées : au lieu d’avoir un bête menu où l’on sélectionne la pièce à installer, on doit effectuer une série d’actions : tourner le stick pour dévisser, appuyer plusieurs fois sur un bouton pour retirer une pièce, etc. Vous l’aurez deviné, ce gimmick tape rapidement sur les nerfs, d’autant plus que beaucoup d’actions sont parfaitement inutiles : pourquoi doit-on sortir les plaquettes de frein des étriers pour pouvoir changer le pneu ? On va démonter la moitié de la moto à chaque changement de pièce, et il n’y a pas non plus d’action rapide pour tout remonter : il faudra repasser dans tous les onglets pour vérifier qu’on n’a pas oublié quelque chose. Le reste de l’interface est à l’avenant : il y a un écran pour voir l’état des pièces, dans lequel on ne voit pas son inventaire, un autre écran pour voir l’inventaire, dans lequel on n’a pas de liste de pièces à changer ni de moyen d’installer une pièce directement, et encore un autre écran pour voir le magasin. On fait des allers-retours sans cesse, l’ergonomie est absolument catastrophique.

Et le gameplay dans tout ça ? N’ayant jamais piloté de moto je ne peux pas juger du réalisme, mais il me semble plutôt crédible (mais moins que celui de MotoGP) : plutôt lourd et très sensible, assez brutal, il nécessite de réellement doser freinages et accélérations, et il est impossible de piloter sans utiliser le stick droit (ou le gâchettes analogiques, sur les autres consoles). C’est plutôt fun, et l’IA est vraiment facile en mode facile : tant mieux, parce qu’on pilote vraiment sur des œufs pour ne pas tomber.

Avec un concept original bien qu’implémenté à moitié, une interface pénible mais une conduite très sympathique, Rims Racing avait le potentiel d’être un jeu plutôt correct malgré ses limitations. Dommage que la technique le rende parfaitement injouable sur Switch ; je vous enjoins à l’essayer sur une autre plateforme, si vous le trouvez à petit prix.

Verdict : un portage exécrable d’un jeu correct