Sniper Elite V2 Remastered

Sniper Elite V2 est un jeu de sniper. Jusque là, ça va, vous deviez vous en douter.

On incarne un soldat d’élite qui infiltre les lignes ennemies durant la seconde guerre mondiale, au moment de la retraite Allemande sur Berlin, ce qui va nous faire également affronter les Russes.

C’est donc un TPS à mi-chemin entre l’action et l’infiltration : on va passer le plus clair de notre temps accroupi derrière un muret, l’oeil rivé dans la lunette de notre fusil ou dans les jumelles, à repérer les positions ennemies ; et puis on va les dézinguer à la chaîne après s’être fait repérer, ce qui ne manquera pas d’arriver.

En terme de gameplay c’est assez classique : il y a des murets et des caisses un peu partout derrière lesquelles on peut s’adosser, 3 armes (fusil, mitrailleuse, pistolet), ainsi que des grenades, mines, etc. Globalement, c’est du déjà vu, mais plutôt bien réalisé, excepté le système de couverture, qui ne marche pas toujours de manière cohérente.

En-dehors du sniping, les combats ne sont pas très intéressants, notamment parce que nos armes secondaires n’ont pas beaucoup de pêche ; les quelques passages scriptés où des hordes d’ennemis nous foncent dessus pour nous mitrailler à bout portant ne sont pas très fun. On s’amuse beaucoup plus quand on infiltre les fortifications ennemis à coup de mine et de pistolet silencieux, et surtout, quand on équipe son fusil à lunette.

C’est à ce moment là que Sniper Elite prend tout son sens : quand on trouve un point en surplomb avec une belle vue dégagée, qu’on truffe les entrées de mines antipersonnelles, qu’on repère les positions ennemies, et qu’on tire le premier coup de feu. Aucun fusil n’est équipé de silencieux, et excepté les quelques moments où des bruits forts (artillerie, orage…) peuvent couvrir les tirs, l’IA vous repèrera immédiatement. Il est ensuite nécessaire de jongler entre les soldats qui essayent de nous rejoindre (d’où la nécessité de miner sa position) et repérer les snipers ennemis qui les couvrent (bien planqués, mais qui nous voient bien).

C’est le gros point fort de la série, et sa réputation n’est pas usurpée : la balistique est excellente. Il est possible de la paramétrer depuis « la balle va tout droit », de gérer la gravité, ou d’y ajouter l’effet du vent. La précision est diabolique, le jeu distingue chaque endroit du corps (certains organes sont vitaux, d’autres non), et on peut même viser les grenades à la ceinture des ennemis pour les faire exploser à distance. Il est possible de changer de fusil entre les missions, chacun ayant ses forces et ses faiblesses (puissance, cadence de tir, niveau de zoom, capacité), ce qui permet de s’adapter à ses préférences.

La « signature » de Sniper Elite, c’est la killcam. De temps en temps, lors d’un tir réussi, la caméra va suivre la trajectoire de la balle, et montrer en mode « rayons X » l’effet sur le corps de l’ennemi, de manière anatomiquement correcte, avec les éventuelles déviations de la balle sur les os. C’est à la fois assez dérangeant et jouissif, et alors que je ne suis pas fan du gore et que je ne pensais pas aimer, je me suis parfois pris à souhaiter qu’elle se déclenche plus souvent ; ce que j’aurais d’ailleurs pu faire, car on peut en régler la fréquence de « jamais » à « souvent », mais par défaut c’est plutôt bien équilibré.

Cette killcam contribue à une certaine ambiance de violence exagérée, qui fait qu’on sent bien que Sniper Elite ne se prend pas vraiment au sérieux, et cultive un côté série B : outre ce gore fréquent, on va sniper des tanks (ou pire !), le scénario et les personnages sont clichés, les situations sont rocambolesques… Le côté « nanard » est totalement assumé, ce qui se retrouve particulièrement dans les cinématiques des dernières missions, où les devs se lâchent complètement sur le n’importe quoi.

Mais tout n’est pas parfait, et le premier gros défaut, c’est le level design. La très grande majorité des missions se déroulent dans des villes en ruines, avec des bâtiments qui se ressemblent tous, et une couleur globale « marron/gris moche » digne des pires années de la génération PS360, dont le jeu fait partie. Les niveaux sont bourrés de recoins et de détails, mais malheureusement la majorité sont inutiles, et on perd pas mal de temps à rencontrer des culs-de-sac alors qu’on cherche à contourner une patrouille.

L’autre gros défaut, c’est l’IA conne comme ses pieds. Les snipers nous repèrent de l’autre bout de la carte, parfois même à travers la fumée, alors qu’on vient de tourner l’angle de la rue, même en facile. C’est déjà assez étonnant, mais quand d’autres ennemis patrouillent en contrebas et ne semblent pas perturbés par leur pote qui tire, on se dit qu’il y a un problème.
Une fois repéré, les soldats vont se borner à nous foncer dessus en se planquant de temps à autres, mais quelques bugs de pathfinding peuvent les laisser bloqués sur place.
On notera aussi une tendance de l’IA à avoir des « zones de repérage » : il arrive régulièrement que des ennemis nous foncent dessus depuis l’autre bout de la carte, et que quand on arrive sur leur position, d’autres ennemis sont 2m plus loin et ne nous ont pas repéré.

Personnellement, les IA connes, dans un jeu de snipe, je trouve ça plutôt drôle, et j’adore exploiter les bugs et limites pour nettoyer une carte en toute discrétion. Ici, on n’est pas tellement inquiété de se faire contourner (même si ça arrive), mais plutôt de se faire déborder par le nombre, et on doit souvent gérer les ennemis qui courent d’une couverture à l’autre. La difficulté est parfois de défendre sa position, et parfois de rester toujours en mouvement pour ne pas se faire prendre en tenaille, et si possible disparaître aux yeux des ennemis. C’est toujours assez fun, malgré (ou peut-être à cause de) cette IA d’un autre âge.

Techniquement, les environnements sont moches, mais très propres (Switch mode portable) et je n’ai repéré aucune baisse de framerate. Il y a régulièrement de superbes effets de lumière, et la fumée est très bien rendue. Dommage que la globalité soit tout le temps marron moche.
Les bruitages sont bons, mais la musique oscille entre le banal et l’agaçant.

On notera que la difficulté peut être personnalisée selon ses goûts : niveau de l’IA, balistique, et aides diverses : indication des positions ennemies, indicateur de chute de balle, etc. C’est une très bonne idée, et ça permet de tailler son expérience selon ses préférences.

Niveau durée de vie, les missions sont entre 30mn et 1h30, et le jeu se termine entre 5 et 10h.

Sniper Elite est un jeu avec de profonds défauts et un manque de variété, mais c’est aussi un jeu diablement fun, et qui ne se prend jamais au sérieux.

Verdict : très bon mais pas pour tout le monde