Elliot Quest est un Zelda-like comme il y en a tant, mais pour une fois, c’est un jeu qui s’inspire plutôt de Zelda II, l’épisode « mouton noir » en vue de côté et réputé pour sa difficulté extrême.
Tous les éléments de Zelda II sont présents : déplacements sur une carte du monde vue de dessus avec des ennemis qui se promènent et déclenchent des combats ; séquences d’actions en vue « plateforme » ; des donjons avec des clés, des item et un boss ; des éléments de RPG avec de l’expérience, un inventaire et des compétences ; des villages avec des PNJ qui donnent des indices plus ou moins clairs ; des niveaux bourrés de secrets et de recoins… Même les items et les ennemis sont souvent copiés de Zelda. L’épée est cependant remplacée par un arc : c’est sans doute le changement le plus radical, et cela permet d’ailleurs d’éloigner suffisamment Elliot Quest de son inspiration pour ne pas avoir l’impression de jouer à un bête clone.
Le level design est très correct, voire plutôt bon : les niveaux sont à la fois tortueux et assez clairs, classiquement pleins d’obstacles à franchir une fois le bon item trouvé, et de secrets cachés partout. Les environnements sont vraiment très variés : forêts, temples, plages, déserts, grottes… Mais ce qui est fou, surtout pour un « petit jeu » indépendant, c’est que chaque forêt, chaque temple, chaque grotte a une ambiance différente, et même les ennemis de base se renouvellent en fonction des zones. Les boss sont également assez variés, et plutôt intéressants.
L’histoire de Eliott Quest est une sombre histoire de malédiction, racontée par bribes, de manière un peu énigmatique, et assez secondaire malgré quelques surprises. On échappe à la princesse à sauver et au méchant qui veut détruire le monde, c’est déjà pas mal.
Niveau gameplay, la maniabilité est très bonne et précise, avec un peu d’inertie qui se prend vite en main : on va sauter, tirer et lancer des sorts sans souci notable. Les challenges rencontrés alternent entre les combats, les puzzles, les phases de plateforme… Les hitboxes sont parfois un peu imprécises, et il arrive qu’on tombe de certaines plateformes alors qu’on pense être encore dessus ; c’est assez rare, on s’y habitue, et ça ne m’a jamais posé problème, mais c’est assez étonnant au vu du souci du détail sur le reste du jeu.
Elliot Quest est largement moins difficile que son inspiration, et pas du tout punitif : des checkpoints réguliers font réapparaître instantanément dès qu’on meurt, et on conserve les items et l’or ; un mode facile permet de conserver l’expérience accumulée. Le jeu n’est pas très difficile, pour peu que l’on prenne le temps de fouiller partout pour trouver les équipements les plus puissants et les cœurs supplémentaires.
En revanche, de la même manière que Zelda II, Elliot Quest est très obscur : les possibilités des items ne sont pas expliquées, notamment la tornade multi-usages. Beaucoup d’objets trouvés n’ont même pas de nom, et c’est à nous de tester et découvrir leur utilité. Ça plaira à certains, mais il faut bien avouer que ce n’est pas très moderne.
Le contenu est assez conséquent, avec une demi-douzaine de donjons et vastes zones à explorer, ainsi que 3 donjons facultatifs bien retors ; j’ai terminé le jeu en 11h30, en utilisant une soluce pour récupérer une bonne partie des améliorations cachées, mais sans faire les donjons bonus. Comptez facilement le double si vous voulez chercher par vous-même, certains objets sont vraiment bien planqués.
Les graphismes sont mignons et expressifs, et m’ont beaucoup fait penser à Kamiko ou Fairune. C’est varié et travaillé, et on sent que les limitations de résolution et de couleur ont été choisies avec soin, plutôt qu’arbitrairement comme c’est trop souvent le cas.
Les musiques sont assez discrètes mais plutôt bonnes, clairement inspirées de Zelda sans en atteindre le niveau.
A noter un bug frustrant : j’ai « battu » le boss final une première fois sans tirer une seule flèche, et une seconde fois alors qu’il lui restait la moitié de sa vie. Aucun souci dans le reste du jeu.
Elliot Quest est un très bon Zelda 2-like, et une modernisation réussie du concept original. Bien équilibré, très varié, très joli, avec beaucoup de contenu : un vrai bon jeu néo-rétro comme je les aime.