Troisième période : l’arrivée de la 3D, la perfection de la 2D

La 3D est plutôt lente à démarrer : jusqu’ici, elle demande des machines puissantes et chères, et les développeurs ne maîtrisent pas encore les techniques. Le premier jeu de combat en 3D (Virtua Fighter) est sorti en 1993, et l’année suivante sortent le second épisode, ainsi que le premier Tekken, mais c’est en 1995 que les jeux de combat en 3D commencent à réellement arriver en force.

La Playstation popularise la 3D en la mettant dans les mains de tout le monde pour un prix très abordable à la fin de l’année 1994 au Japon, fin 1995 en occident. Alors que les bornes d’arcade étaient jusqu’ici à la pointe de la technologie, la tendance s’inverse et elles commencent à se baser sur des consoles un peu boostées : ça coûte moins cher, et les portages console sont nettement plus faciles, mais cela signale aussi la réduction de l’intérêt des bornes d’arcade : il n’y a plus besoin d’aller dans une salle enfumée pour en avoir plein les yeux.

A côté de ça, les développeurs spécialisés dans les jeux arcade « moins chers » restent sur la 2D, et perfectionnent leur technique : les jeux sont absolument magnifiques, mais comme les joueurs maîtrisent le genre, ils deviennent souvent très techniques et complexes. Capcom et SNK inondent littéralement le marché (à eux deux, ils sortiront au moins 10 jeux de combat en arcade rien qu’en 1995) mais les concurrents ne sont pas en reste.

Les codes du genre sont désormais très bien établis, et il est facile de créer un jeu « correct » simplement en copiant les bases du genre et en y mettant une skin sympathique : les adaptations de mangas, d’anime et de comics de qualité correcte sont nombreuses, ainsi que les jeux aux univers originaux et colorés. Malheureusement, le succès du genre fait que tout le monde veut sa part du gâteau : certains se contentent de recopier ce qui marche sans beaucoup d’imagination, d’autres cherchent à faire différent, souvent sans succès. Il y avait déjà beaucoup de jeu de combat jusqu’ici, mais c’est une véritable avalanche qui va arriver dans les années qui viennent, la plupart étant malheureusement de très mauvaise qualité (je ne vais pas tous les tester).

Bonne nouvelle pour les débutants (comme moi), les développeurs se calment sur la difficulté délirante de l’IA vue durant la période précédente, et les jeux deviennent enfin abordables, du moins certains le font : X-Men Children of the Atom s’oriente même délibérément vers l’accessibilité au grand public, avec notamment la possibilité de bloquer automatiquement ! J’imagine que la popularité du genre dans les années précédentes leur permettait de pousser les joueurs à faire du multijoueur, mais que la baisse de fréquentation des salles d’arcade les oblige à élargir leur base d’utilisateurs ? Dans tous les cas, la différence est flagrante : dans leurs difficultés les plus faibles, je suis incapable de gagner le moindre combat dans The King of Fighters 94, mais je peux terminer l’épisode 98 avec un seul crédit…

Côté beat’em up, leur nombre augmente énormément jusqu’en 1994 avec beaucoup d’adaptations de licences (Batman, Marvel, Power Rangers…), après quoi ils disparaissent presque totalement autour de 1996 : tout le monde passe à la 3D avec la Playstation et la Saturn (et plus tard la Nintendo 64), et le genre s’y adapte très mal ; seuls continuent quelques jeux sur des bornes arcade peu chères à produire, des adaptations de licence souvent faites à la va-vite, et des versions 3D ratées de vieilles gloires. Ils vont plutôt s’intégrer en tant que mécanique de gameplay dans les jeux d’aventure/action, et reviendront en force sous une autre forme avec Devil May Cry en 2001 ou God of War en 2005, et auront un “revival” dans les années 2010 avec les jeux indépendants en 2D.


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