Les beat’em up – 1993


1993 est la dernière « année forte » du beat’em up, avec encore beaucoup de jeux, et beaucoup d’adaptations de licences, mais on sent déjà un début de ralentissement et une lassitude du public face à ce genre qui a du mal à se renouveler : il faut bien admettre que le gameplay n’a pas vraiment évolué depuis Final Fight en 1989. De toute façon, le jeu de combat cannibalise le genre, et les développeurs vont tous se tourner vers le versus fighting.


The Punisher ; Cadillacs & Dinosaurs (arcade, Capcom)

Après Konami, Capcom s’essaye à l’adaptation de licences en beat’em up, en commençant par The Punisher (un personnage Marvel désormais bien connu) et Cadillacs & Dinosaurs (un autre comics moins connu). Cela donne deux jeux très classiques mais très bons, dont un où l’on peut taper sur des dinosaures. Pour la petite histoire, Marvel ne sera pas très content de la violence du jeu Punisher, qui représente certes bien le personnage, mais qui est un peu trop « graphique » à leur goût.


Dungeons & Dragons Tower of Doom (arcade, Capcom)

Après King of Dragons et Knights of the Round, les développeurs de Capcom font enfin ce qu’ils rêvaient manifestement de faire : un jeu officiel Donjons & Dragons. Très populaire à cette période, et avec de nombreux jeux dans de nombreux styles la licence s’adapte très bien au genre (les premiers jeux D&D officiels sont des jeux d’action) : on va donc choisir une classe, gagner des niveaux et de l’or qui permettra d’acheter des objets dans la boutique entre les niveaux, et le jeu se permet même le luxe de donner des choix : on devra par exemple aller sauver un village ou poursuivre des monstres dans la montagne. Niveau gameplay c’est vraiment très proche d’un Knights of the Round auquel on aurait rajouté des objets utilisables. Aujourd’hui il n’est pas mauvais du tout même si vraiment très classique, l’univers D&D ayant déjà été vu, revu et re-revu des milliers de fois.


Night Slashers (arcade, Data East)

Night Slashers est un beat’em up tout ce qu’il y a de plus classique avec un thème zombies et morts-vivants assez unique à ce moment-là, trois ans avant le phénomène House of the Dead, et sensiblement différent de Splatterhouse qui explore plutôt le côté « fantastique » avec des monstres difformes. Aujourd’hui il n’est pas mauvais, sans être exceptionnel, et est surtout notable pour son univers pas trop exploré dans ce style.


Shadow Force (arcade, Technos)

Capcom essaye de décliner Final Fight à l’infini, et Technos fait de même avec Double Dragon. Shadow Force est donc un beat’em up très classique mais assez technique avec de très nombreux coups possibles, et une ambiance « cyber samouraï » tendance Shadowrun (créé en 1989 et porté en jeu vidéo en 1993) assez original. Aujourd’hui il est encore plutôt bon.


Zero Team (arcade, Seibu Kaihatsu)

Zero Team fait partie de ces très bons beat’em up sur lesquels il n’y a pas grand-chose à dire : il est plutôt joli, avec des détails amusants, un gameplay plutôt bon, assez varié… Un bon jeu.


Ninja Baseball Bat Man (arcade, Irem)

Encore une fois très classique dans sa structure et son gameplay, Ninja Baseball Bat Man se démarque par son univers complètement déjanté avec des robots-ninja qui font du baseball, des balles de baseball mutantes (quel hasard) et autres robots, le tout avec un style « manga » exagéré comme un Looney Tunes : c’est très réussi. Après quelques beat’em up corrects-sans-plus, Irem réussit enfin à se démarquer dans le genre ; dommage que ça arrive juste avant leur disparition. Aujourd’hui il est plutôt sympathique et mérite un coup d’oeil.


Sengoku 2 (arcade, SNK)

Il est mieux réalisé que le premier, plus joli, meilleur gameplay, concept plus abouti, bref, tout est mieux. Il reste très médiocre, surtout pour une période riche en excellents beat’em ups.


Metamorphic Force (arcade, Konami)

Après un bon nombre de très bons beat’em up, Konami semble avoir perdu son mojo : le gameplay est générique et basique, et les graphismes sont tout juste corrects ; reste la musique, excellente.


Knuckle Bash (arcade, Toaplan)

Sur un gameplay à base de Final Fight très classique mais assez nerveux, Toaplan, plutôt célèbre pour ses shmups (ils ont fait le célèbre Batsugun la même année) vient coller une ambiance très décalée, et plutôt drôle. Une bonne surprise.


Batman Returns (SNES, Konami)

Chose étrange, Batman n’a jusqu’ici pas eu le droit à son adaptation en beat’em up : c’est corrigé avec la sortie du nouveau film en 1992. Cette version SNES a un gameplay tout à fait correct, a des graphismes très honnêtes et l’univers du film est bien retranscrit, mais il souffre d’une grosse répétitivité, avec un très faible nombre d’ennemis qui tournent tous autour du même thème : les clowns. Au bout de 2 niveaux vous aurez vu quasiment tout ce qu’il y a à voir, vous pouvez donc passer votre chemin.


Final Fight 2 (SNES, Capcom)

Jamais en reste pour recycler ses gloires passées, Capcom remet le couvert avec un second épisode de Final Fight copier/coller : le gameplay est identique au premier, et comme pour celui-ci, les performances de la SNES limitent grandement l’action avec seulement 3 ou 4 ennemis à l’écran en même temps, ce qui rend le jeu bien moins intense. Ceux qui aiment Final Fight seront contents de retrouver un gameplay bien rodé dans de nouveaux niveaux, ceux qui veulent de la nouveauté resteront sur leur faim.


Alien vs Predator (SNES, Activision)

Première adaptation du comics du même nom qui a débuté en 1989, ce jeu SNES n’est pas le portage du jeu arcade du même nom par Capcom qui sortira l’an prochain, et n’a rien à voir avec le film du même nom qui sortira 9 ans plus tard ! Ca va, vous suivez encore ? Bon. Ni l’éditeur ni le développeur de cette version ne sont des habitués du beat’em up, et ça se voit : derrière des graphismes plutôt corrects, le gameplay est très banal, les niveaux sont extrêmement répétitifs, et l’équilibrage est assez mauvais. Si c’était la seule adaptation de cette licence en jeu vidéo je vous aurais bien dit de tester quand-même, mais voilà : Capcom sortira une autre jeu dans le même genre dès l’année suivante qui sera, lui, excellent. Oubliez donc cette version SNES.


Battletoads / Double Dragon (NES/SNES, Rare)

Crossover improbable entre deux gros noms du beat’em up de l’époque, il reprend la difficulté aberrante de Battletoads et la pousse à son paroxisme. Très frustrant, et pas très fun.


Bishōjo Senshi Sailor Moon (SNES / Mega Drive, Angel)

Un clone de Final Fight moyen, tout ce qu’il y a de plus banal et peu intéressant, excepté pour les fans de la série (et j’imagine qu’ils sont nombreux au vu de la quantité astronomique de jeux Sailor Moon ces années-là). En tant que fan de la série il est acceptable, dans le cas contraire, il est médiocre.


Bishōjo Senshi Sailor Moon R (SNES, Bandai)

Deux jeux Sailor Moon la même année, et ce n’est pas la pire : il y en aura 6 en 1994 ! Tout comme le précédent, c’est un jeu moyen, acceptable si vous êtes fan de la série, médiocre dans le cas contraire.


Kamen Rider (SNES, Bandai)

Tiré d’une ancienne série de sentais (comme les Power Rangers), c’est encore une adaptation moyenne dont l’appréciation dépendra de votre attachement à la série, et si vous n’êtes pas Japonais, celui-ci est probablement égal à zéro.


Legend (SNES, Sony Imagesoft)

Avec son ambiance médiévale qui fait penser à Golden Axe, il aurait été très bien s’il avait été un peu plus dynamique : le personnage est aussi vif et réactif qu’une aubergine, alors que les ennemis nous courent autour à toute allure, ce qui n’est pas vraiment fun.


The Peace Keepers (SNES, Jaleco)

Un beat’em up très classique mais plutôt correct, avec 4 personnages et des embranchements. Pas révolutionnaire, mais pas mauvais.


Streets of Rage 2 (Mega Drive, Sega)

Sega livre ici une excellente suite à un excellent jeu : graphismes impressionnants (pour la machine), plus de personnages, gameplay amélioré avec des coups spéciaux, niveaux très variés, et toujours ces musiques magistrales. Je ne m’étale pas parce que c’est « la même chose en mieux » mais c’est vraiment très bon.


Golden Axe 3 (Mega Drive, Sega)

Les Golden Axe se suivent et se ressemblent, et c’est un style qui a beaucoup moins bien vieilli que les beat’em up plus « traditionnels » : cet épisode est certes plus joli (sans atteindre les niveaux de Streets of Rage 2, loin de là), mais c’est un peu lent, un peu bourrin, et pas très fun.


Splatterhouse 3 (Mega Drive, Namco)

Changement radical de cap pour la série : les deux premiers étaient des Kung Fu Master-like en 2 dimensions extrêmement basiques ; ce troisième épisode ouvre une troisième dimension de déplacement et utilise un gameplay de beat’em up à combos bien plus moderne bien que très classique, et il rajoute également une notion d’exploration non linéaire, et une histoire à fins multiples en fonction de qui vous avez réussi à sauver. Dommage que le gameplay soit encore un peu basique, avec un peu plus de subtilités il aurait pu être très bon, en l’état il est juste honnête sans plus ; mais l’originalité de son côté exploratoire pourra vous intéresser.


Mazin Saga Mutant Fighter (Mega Drive, Vic Tokai)

Mazinger est le premier anime de la saga dont fait partie Goldorak. Mazin Saga alterne entre beat’em up et combat de gros robots en 1 vs 1 ; dommage que ce soit très médiocre.


Cyborg Justice (Mega Drive, Novotrade)

Un beat’em up très original car on commence par choisir les éléments de son robot : bras, corps et jambes, qui donnent chacun des capacités particulières. On avance ensuite dans les niveaux et on affronte d’autres robots construits de la même manière : il faut donc observer les pièces qui les composent et s’adapter à leur comportement ; il est ensuite possible de récupérer une pièce sur les adversaires vaincus. Le gameplay est correct mais un peu plombé par des contrôles contextuels : appuyer sur un bouton ne fait pas toujours la même action selon ce qui se passe, on ne fait donc pas toujours ce à quoi on s’attendait. Techniquement c’est mitigé : les animations sont très détaillées et vraiment réussies, mais les décors sont vides, moches et répétitifs. Une curiosité qui vaut un petit coup d’oeil.


Batman Returns (NES, Konami)

Très différent de la version SNES, ce Batman Returns NES est impressionnant techniquement, avec des cinématiques qui semblent avoir plus de couleurs que ce que la NES devrait pouvoir afficher : on voit bien la maîtrise de Konami sur cette machine. Le problème de répétitivité est toujours présent, mais le gameplay infiniment plus nerveux permet de compenser et de beaucoup moins s’ennuyer. Aujourd’hui c’est un jeu honnête, sans plus.


Mighty Final Fight (NES, Capcom)

Chose peu courante, Capcom crée un portage NES de son jeu phare ; il est bien évident qu’ils n’arriveront jamais à faire rentrer les immenses sprites du jeu arcade sur la NES, et décident donc de changer totalement le style, et de partir sur des graphismes « chibi » comme l’ont fait Technos avec River City Ransom quelques années auparavant. Le reste du jeu s’inspire d’ailleurs énormément de son concurrent : le gameplay est bien plus nerveux que la version arcade, et il y a un système d’expérience et de niveaux ! Malheureusement celui-ci est de la simple poudre aux yeux : les personnages montent certes de puissance, mais comme les ennemis montent aussi, la courbe de difficulté reste plate. Le reste du jeu s’inspire très librement de l’original, avec des similarités mais aussi beaucoup de différences. C’est un beat’em up NES très correct malgré quelques défauts de gameplay, comme ces ennemis qui nous frappent pile assez vite pour nous empêcher de riposter.


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