Première période : les simulations de combat (1990)


C’est le calme avant la tempête : les développeurs n’ont pas encore réussi à rattraper Final Fight, et ne se doutent pas que Street Fighter II va leur mettre des énormes claques l’année prochaine.


Pit Fighter (arcade, Atari)

Pit Fighter utilise la technique des « sprites photo » (digitized sprites) ; c’est loin d’être le premier (ça remonte au moins à 1983) mais c’est le premier jeu de combat qui fait ça, et il marquera les esprits, en attendant Mortal Kombat deux ans plus tard. Tout comme pour Mortal Kombat, le problème principal de cette technique, c’est que les sprites prenant énormément de place en mémoire, les limitations techniques empêchent d’avoir beaucoup d’étapes d’animation, et on se retrouve donc avec 2 états : neutre et frappe, et rien (ou presque) entre les deux. C’est aussi un des jeux de combat « 1 contre 1 » (du moins en solo) de cette époque qui utilise les déplacements en 3 dimensions comme dans les jeux de catch ; c’est ici étonnamment bien géré, et on frappe rarement dans le vide. Le gameplay est assez simple avec juste des frappes de poing et de pied, quelques techniques spéciales, mais surtout des objets répartis dans l’arène avec lesquels on peut frapper l’adversaire : chaises, couteaux, etc. L’ambiance « combat illégal » donne un petit détail sympathique : quand on s’approche trop des bords, un personnage dans la foule nous repousse. A l’époque il n’a pas été très bien reçu ; aujourd’hui il est assez moyen, son gameplay est vraiment trop basique.


Alien Storm (arcade, Sega)

On peut résumer Alien Storm par « Golden Axe version S-F » : c’est à peu près le même gameplay, mais avec des aliens mutants plutôt que des goblins et des orcs, et des rayons laser plutôt que des épées, ce qui était assez original à cette période. Il s’inspire également de Shinobi (sorti 2 ans plus tôt) sur ses combats de boss qui reprennent les niveaux bonus de Shinobi, en mode FPS, où il faut éliminer les ennemis qui nous foncent dessus à la première personne. Son problème principal est qu’il manque gravement de précision sur la profondeur, et on rate nos tirs plus d’une fois sur deux. A l’époque il a eu des réactions assez mitigées ; aujourd’hui il est plutôt honnête si vous arrivez à passer outre ce problème de précision.


Double Dragon 3 (arcade, East Technology)

Cet épisode n’est pas développé par Technos, qui préfère se concentrer sur les épisodes NES, ainsi que sa série Kunio Kun. Techniquement il est nettement moins bon que le second épisode : les sprites sont moches, les animations sont raides et hachées, c’est très désagréable. Le gameplay est bien plus complexe avec de nombreuses techniques, mais tant qu’on ne les maîtrise pas, le jeu « de base » (en utilisant juste les coups normaux) est très mauvais. Il me semble que c’était déjà une déception à l’époque, et vous pouvez l’oublier aujourd’hui.


Batman (arcade, Atari)

Un clone de Shinobi avec une skin Batman. Ce n’est vraiment pas terrible ; il y a bien ces séquences en batmobile, et les images du film qui s’intercalent, mais niveau gameplay c’est très médiocre. Au moins ça suit le film de manière assez fidèle, mais ça devient débilement difficile très vite sans moyen de continuer « sur place » (comme souvent avec Atari), et ce n’est pas assez bon pour donner envie d’insister.


The Ninja Kids (arcade, Taito)

Un beat’em up assez traditionnel dans le gameplay… mais ces ennemis en mode caricatures racistes ! Et des membres du KKK ! Bon, ce sont censés être des adorateurs de Satan, mais quand-même. Et je ne parle pas du terroriste Arabe. Tout ça pour un jeu assez moyen. Avec des problèmes comme ça n’espérez pas le voir ressortir un jour, et tant mieux (vous ne perdez rien de toute façon).


Ninja Combat (arcade, ADK)

Un thème extrêmement banal, un gameplay étrange au croisement du beat’em up, du Kung Fu Master-like et du run & gun, des graphismes moches : il n’a absolument rien pour lui.


The Combatribes (arcade, Technos)

Une sorte de Double Dragon limité aux séquences de combat en arène comme Renegade, mais dans lequel on incarne des malabars bodybuildés qui font une tête de plus que les ennemis (et qui sont en fait des cyborgs). Une fois qu’on a éliminé assez d’ennemis, un boss apparaît, et on recommence. Le gameplay est simplifié par rapport à Double Dragon, et les graphismes sont un peu moches, le jeu n’a que très peu d’intérêt.


Two Crude Dudes / Crude Buster (arcade, Data East)

Voici un jeu tout à fait dans le même genre que Bad Dudes vs Dragonninja : un gameplay basique et déjà vu, des graphismes un peu moches, mais avec cette ambiance qui ne se prend pas du tout au sérieux, c’est presque drôle, et il y a moyen de passer un bon moment.


Panza Kick Boxing (Amiga / Atari ST, Futura)

Panza Kick Boxing s’inscrit dans la lignée de Karate Champ, Exploding Fist et International Karate : plus des « simulations de combat » que des « jeux de baston » tel qu’on l’entend aujourd’hui. Il est aussi bien plus complet : en plus de pouvoir choisir la tête de son boxeur, on peut s’entraîner pour augmenter ses statistiques, choisir son boxeur ainsi que son panel de coups parmi une pré-sélection. Le gameplay est similaire à ses inspirations sur micro-ordinateur, avec des combinaisons de direction et de bouton qui effectuent divers coups, mais aussi bien plus technique et difficile à appréhender car les coups sont plus nombreux et variés. Considéré comme une référence du jeu de combat sur ses plateformes d’origine, il est aujourd’hui encore très intéressant, même si ses contrôles ne le rendent pas très accessible ; il aura une suite/remake sur consoles 16 bits en 1993 (Best of the Best Championship Karate), à peine plus maniable et encore plus complexe.

Andre Panza Kickboxer version PC Engine (parce que je n’ai pas réussi à faire fonctionner les versions Amiga/Atari ST)

Ninja Golf (Atari 7800, Atari)

Un mélange de golf et de beat’em. Quoi de plus naturel ? On frappe sa balle pour avancer, avec zéro gestion de physique, vent etc, il faut juste attendre que le curseur soit au bon endroit. Ensuite on va rejoindre sa balle en frappant des ninjas et des taupes. Quand on arrive sur le green on se bat contre un dragon. Du très classique, quoi. C’est rigolo, mais aussi très répétitif, au vu du manque de profondeur à la fois du côté golf et du côté beat’em up. J’aimerais bien qu’un jeu indé moderne s’en inspire.


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