Retro Game Challenge

Retro Game Challenge est un jeu Nintendo DS sorti en 2007, tiré d’une émission, Game Center CX, dans laquelle Arino, le présentateur, se farcit des vieux jeux, parfois bons parfois mauvais, et cherche à les terminer en une journée. Dans cette version, Arino pète un câble, se transforme en méchant dans le jeu, et nous fait revenir en 1985, chez lui, pour jouer avec lui enfant ; ne cherchez pas trop de logique. Pour revenir dans le présent il faudra vaincre des challenges sur 8 jeux faussement rétro, et ne comptez pas trop sur l’aide d’Arino enfant, uniquement présent pour vous encourager.

Les jeux

La structure du méta-jeu se compose d’une succession de 4 épreuves sur chaque jeu rétro, depuis une action basique comme « trouver un powerup », jusqu’à des actions plus complexes comme « terminer le niveau 3 ». C’est donc un peu le même concept que NES Remix sur 3DS, mais sur des « faux » jeux ; ce n’est d’ailleurs pas étonnant quand on sait que ce sont les mêmes développeurs. La succession d’épreuves assez courtes permet de passer d’un jeu au suivant assez rapidement, et avec les tips et cheats dans les magazines (j’en parle plus loin), on n’est jamais bloqué bien longtemps : par exemple, un challenge demande de battre la 3ème épreuve d’un jeu de course, et un code permet d’y commencer directement.

Une fois les 4 challenges terminés, les jeux sont disponibles en « free play », avec certains codes de triche désactivés, afin d’essayer d’obtenir le plus haut score possible, et le jeu suivant est débloqué. Et une fois tous les challenges finis, l’épreuve finale est de « voir les crédits de chacun des jeux » ; la formulation est importante, car par exemple, le RPG a une zone secrète qui permet de voir les crédits dès le début du jeu, et d’autres permettent de sauter des niveaux ; la manière de le faire est listée dans les magazines débloqués.

Les jeux rétro sont créés pour l’occasion, et copient des hits NES de l’époque : shooter, plateforme, RPG, course… Ils montrent un aperçu de leurs évolutions, comme ce shooter à écran fixe suivi par un épisode à scrolling ; mais aussi leurs travers, comme la « version spéciale » du jeu de course qui est juste une version sponsorisée avec des écrans de pub et quelques modifications. Comme pour Shovel Knight, la plupart sont plus fidèles à ce dont on se rappelle de la NES, que de ses réelles limitations : certains seraient tout simplement impossibles à faire sur le vrai hardware, et ressemblent plus à des jeux 16 bits. Leur qualité oscille entre le « correct » pour les moins bons, et le « très sympa » pour les meilleurs, mais leur inclusion regroupée dans un seul package en fait un tout cohérent et agréable à parcourir. Ils sont également plutôt courts (le premier jeu de plateforme n’a que 8 niveaux), mais ce n’est pas l’objectif : s’ils duraient des heures chacun, le « méta-jeu » serait interminable ; si vous voulez une longue durée de vie, prenez plutôt une compil de jeux rétro, ce n’est pas ce qui manque, de nos jours.

  • Cosmic Gate : un shooter à écran fixe, qui repompe complètement Galaga, en ajoutant des powerups et des warps. Plutôt bon, si on aime ce genre désuet.
  • Robot Ninja Haggleman : inspiré par Ninja Jajamaru-Kun, qui avait fait un carton au Japon mais est totalement inconnu en occident. Assez sympa, bien que basique.
  • Rally King : s’inspire des jeux type MotoRace USA, Famicom Grand Prix F1 Race, ou encore Road Fighter. Pas vraiment passionnant.
  • Star Prince : suite de Cosmic Gate, qui s’inspire plutôt de Star Soldier. Assez bon, un des meilleurs jeux de la sélection, et un bon shmup dans l’absolu.
  • Robot Ninja Haggleman 2 : une évolution sensible mais pas révolutionnaire du premier. Assez bon, bien plus riche et complet, et beaucoup plus long.
  • Rally King SP : un reskin publicitaire de la version de base. Clairement le moins bon jeu : l’original n’était déjà pas terrible, devoir le refaire est assez agaçant.
  • Guadia Quest : un RPG dans la veine de Dragon Quest. Pas mauvais, un peu basique, mais surtout il casse le rythme car contrairement aux autres, les épreuves ne se terminent pas rapidement, d’autant plus que certains objectifs ne sont pas très clairs.
  • Robot Ninja Haggleman 3 : change de formule et copie plutôt Ninja Gaiden avec un peu de Metroid saupoudré par-dessus. Très sympa, un des meilleurs jeux.

L’emballage

Entre les sessions, on débloque un faux magazine, écrit à la manière des vrais magazines de l’époque, avec des fausses interviews de faux développeurs, les listings des meilleures ventes qui évoquent d’autres faux jeux, des previews des futurs jeux débloqués par la suite (qui donnent souvent envie d’être joués), ainsi que des astuces et des codes de triche pour les jeux déjà débloqués. Exactement comme quand on était jeune, et qu’on récupérait le dernier magazine pour voir les techniques sur le dernier hit à la mode !

Les jeux ont également un faux manuel, aussi détaillé que les magazines, et eux aussi écrits à la manière des manuels de l’époque, en rappelant par exemple systématiquement de ne pas lécher les cartouches. Ils sont remplis d’illustrations pour détailler les ennemis ou les bonus, d’instructions parfois bien utiles sur la manière de jouer, et parfois même d’indices sur certains secrets.

Enfin, entre deux épreuves s’engage toujours un petit dialogue avec Arino enfant : parfois simplement pour nous exprimer son enthousiasme sur le jeu en cours, nous faire passer des rumeurs sur le prochain jeu attendu, ou tout simplement nous faire des dialogues d’enfant. Ce n’est jamais très utile, mais là aussi, ça contribue très bien à nous rappeler notre enfance, quand on partageait les dernières rumeurs dans la cour de récré pour débloquer un secret, que l’on essayait de se donner des indications pour progresser, ou tout simplement que l’on allait chez un copain pour jouer avec lui et discuter.

Avec les jeux qui rappellent la NES, les magazines, les manuels et les dialogues, l’ensemble a une vraie personnalité, et crée un côté nostalgique pour quiconque a connu cette période ; mais là où Retro Game Challenge se démarque, c’est qu’il réussit à ne pas seulement créer une nostalgie pour les jeux, mais aussi pour tout ce qui tourne autour ! Les discussions avec les copains, les magazines plein de codes de triche et qui détaillaient les cartes des niveaux, les manuels lus et relus pour ne pas oublier certaines techniques ou comprendre comment battre certains ennemis…

En 2023, les jeux « faussement rétro » se trouvent à la pelle, et les compilations bourrées de bonus sont légion : le concept général n’est donc plus aussi original qu’en 2007. Mais avec cette attention aux détails, ces petites interactions, et cette progression dans le déblocage des éléments, la sauce prend très bien, et on se retrouve plongé dans les années 80, à être émerveillé par des jeux finalement assez basiques, mais dont le fun reste globalement intact.

Retro Game Challenge met en place un concept assez unique, qui génère presque plus de nostalgie pour une époque que pour une console ou un jeu en particulier, aidé par des jeux variés et globalement sympas : j’adore.

Verdict : excellent
Coup de coeur